Sans déconner, c'est déjà le dernier jour?! Quatre jours qu'on fait la fête dans l'insouciance et l'ivresse, mélangés avec plus de peuples et de nationalités différentes que nous ne pourrons jamais en croiser dans l'ordinaire de notre quotidien (j'ai jamais autant parlé anglais de toute ma vie, même pas en cours), mais la réalité nous rattrape maintenant. Ce soir, après que les derniers riffs de guitare ne se soient dissipés, il faudra plier la tente et regagner le bus pour la France... Mais nous n'en sommes pas encore là, il reste encore une journée entière devant nous, et pas la moins intéressante qui plus est.





Liste des groupes vus:

SAMEDI 2:
* ARCH ENEMY
* SODOM
* DEVIN TOWNSEND PROJECT
* MEGADETH
* AVANTASIA
* KREATOR
* VAN CANTO
* CREMATORY
* KOLDBRANN

pour les autres jours, cliquez ici:
JEUDI 31
VENDREDI 1er



 




link site
SAMEDI 2:

      J'ai fais mon warrior en traçant deux traits noirs sous mes yeux, mais ce n'est pas pour aller soutenir Amon Amarth comme on pourrait le penser. C'est ARCH ENEMY qui m'intéresse en premier lieu, pour avoir en version festival le rendu de leur tournée dont j'avais eu un premier aperçu en salle à Rennes il n'y a même pas 2 mois. Moi j'aime Alissa (« Mary Me » comme le disent plusieurs panneaux dans la fosse), j'aime War Eternal, et je préfère quand elle parle en québécois mais cette semaine c'est l'international qui prime. Sans surprise, le set est donc le même en raccourci (moins de temps de jeu, forcément) et dégagera autant de brutalité et de finesse avec en plus le support des grosses enceintes & basses du WOA cumulées à la rage d'un public super motivé. Moins intime mais plus puissant, j'en ai donc pour mon attente et ne regrette pas d'être venu sur site dés midi pour les voir.

      Ce ne sont pas moins de trois rouleau-compresseurs du thrash qui joueront aujourd'hui, le coup d'envoi sera fait de suite par SODOM. Ils n’ont pas beaucoup d'efforts à fournir pour plaire à un public familier, mais ça ne les empêchera pas de dialoguer constamment avec lui (en allemand par contre) et d'inviter un petit guest à la guitare (dont je n'ai pas retenu le nom, désolé) sur un morceau. Old school au possible, leur musique passe toute seule et le set se déroule tellement rapidement que je me surprends à penser « quoi, une heure est déjà passée? » lorsque retentit le dernier riff. Un show simple mais brut de décoffrage, du thrash avec un grand « T ». Les anciens connaissent la musique!

      Il faudra plus d'ouverture et de connaissances des chansons pour apprécier tout autant DEVIN TOWNSEND PROJECT, qui n'a pas choisi les titres les plus entrainants pour sa prestation au Wacken. Moi-même fan de ses travaux post-Strapping, j'ai pourtant eu du mal à m'emballer devant "Seventh Wave" et "War", mais heureusement "By Your Command" est venu relever le niveau. Les vieux morceaux de sa période solo ne me touchent guère personnellement, ce qui m'a fait concentrer mon attention sur son humour bien présent, entre vannes sur ses propres compositions et grimaces hilarantes. Devin ne fatigue jamais dans cet exercice, et pourrait faire passer du doom dépressif pour une grosse blague poilante avec ses talents de clown prog' du metal! Si je ne me suis pas trop ennuyé, je regrette le manque de titres vraiment percutants plus adaptés au live comme les judicieusement choisis "Planet of the Apes" et "Juular" (extraits du dynamique Deconstruction), à l’image d’une partie du public que j'ai vu lâcher prise petit à petit semblait-il. Devin ne joue pas la plus accessible des musiques, sachons-le.

      Une question revient sans cesse à propos de MEGADETH en live: allons-nous entendre Dave chanter cette fois? La réponse sera: pas plus qu'au Sonisphere l'année dernière à mon grand regret. Cependant, tout comme à ce moment-là, Dave et ses fidèles sont d'humeur joyeuse et la setlist de choix, ça sera déjà une bonne compensation pour ceux qui n'y étaient pas en 2013. Mais comme à chaque fois, on se dit qu'il est vraiment temps pour le rouquin le plus célèbre du metal de raccrocher le micro, car ses riffs restent malgré tout d'une grande efficacité (cf. Super Collider). On sait aussi que l'entité thrash US ne serait plus grand chose sans sa voix si spécifique, mais il faut savoir s'arrêter au bon moment (n'est-ce pas, Rob?).

      Il y aura deux énormes machines teutonnes ce soir: l'autre viendra juste après, mais pour l'instant on se focalise sur la grosse pièce théâtrale AVANTASIA. Toby est une icône heavy adulée par le peuple allemand, normal que son projet d'opera metal ne rencontre que fortune et gloire, surtout dans son pays d'origine. Annoncé comme étant le seul show dans son pays natal, la fosse sera forcément en liesse durant les 2H prévues pour l'équipe multi-artiste. Une fois de plus, nous autres français avions eu la primeur de cette prestation l'an dernier à Clisson, et là encore j'avais dû partir plus tôt et manquer "Sign of the Cross": séance de rattrapage ce soir! Si la setlist et les invités [je vous laisse vous y référer en allant voir le report du Hellfest’13] sont identiques, leur forme et leur besoin d'échanger avec le public sont bien plus importants ce soir, en particulier Eric Martin qui saura se montrer plus à la hauteur de la tâche très difficile qui lui a été assignée (faire chanter du heavy à un chanteur de blues n'est pas le plus évident des défis à relever). Mention spéciale pour lui donc, alors que le public ne l'a en plus pas très bien accueilli. Et que dire de Toby, plus en forme que jamais, qui ira directement jusqu'à narguer les fans de Kreator sur la seconde scène en face-à-face, avant de s'excuser en expliquant que lui et Mille sont de bons potes [pour mémoire, il l'a invité à chanter une version alternative de "Mysteria" sur Hellfire Club]. Comme d'habitude, nous termineront en faisant venir tous les protagonistes en même temps pour le final sur le refrain de "The Seven Angels", en applaudissant Maitre Sammet de parvenir à faire tourner aussi bien et de front ces deux monstres de la scène heavy germanique que sont Avantasia et Edguy. Chapeau bas Monsieur!

      Nous venons d'en parler, c'est la bande à Petrozza qui prend directement la suite dans une ambiance totalement différente. Le thrash de KREATOR est sans surprises mais aussi rageux et puissant sur scène que possible. Le décor à l'effigie de Phantom Antichrist est à l'image de leur musique: grandiose. Pourtant, et pas plus ce soir, je n'ai jamais pu passer au dessus du minimalisme du jeu de scène consistant à simplement secouer la tête et à changer de temps en temps de micro, ce que justement le décor tente de compenser visiblement. Mille ne manque pas de voix pourtant, mais rien à faire, cela ne me suffit pas. De toute façon, j'ai rendez-vous sur la Party Stage un peu plus loin pour un show un peu différent.

      VAN CANTO a lui aussi prévu un spectacle très spécial pour ce 25ème anniversaire, qu'on pourrait baptiser « guests à foison »! Et lorsque je dis « à foison », je ne mens pas: c'est tout simplement sur plus de la moitié des titres que nous verrons défiler Toby (le retour), Tarja Turunen, André Matos, Chris Boltendahl de Grave Digger, Victor Smolski de Rage, Jörg Michael l'ex-Stratovarius à la retraite, et je n'ai pas vu la suite. Je retiens surtout le duel de batterie entre Jörg et Bastian Emig (In Legend) dont je vous propose un extrait en vidéo [colonne de gauche]. Pour le reste, je trouve que l'ensemble manque encore cruellement de puissance et de profondeur, ce qui est bien sûr dû à une sonorisation loin d’être aussi lourde que celle de véritables instruments, ne remettant pas du tout en cause le grand talent de chacun des chanteurs présents dans le groupe (petite réserve sur Inga Scharf qui est pour moi assez quelconque, au contraire de ses homologues masculins). Je quitte donc avant la fin car il va falloir me taper rapidement le bon kilomètre et demi qui me sépare du chapiteau pour mon final de festival.

      Encore un groupe que j'ai vu ici pour la dernière fois! CREMATORY avait comblé mes derniers moments du vendredi en 2008, cette année ils seront mon avant-dernière distraction. Par contre, la tournure trop électro prise sur Antiserum n'étant pas spécialement à mon goût (ni à celui des fans selon les avis recueillis dans la fosse), j'avais peur qu'elle ne dirige le set. Finalement, les classiques rattraperont les faux-pas trop modernes en se basant sur un dark metal plus direct, incluant les incontournables "Revolution", "The Fallen" et "Black Celebration" en guise de salut. Un peu faiblard et répétitif dans l'ensemble, mais suffisant pour leur envergure.

      Il est à présent temps d'aller assister à notre tout dernier concert, un concert plus qu'intimiste étant donné la faible affluence se limitant à une cinquantaine de fans (jouer en même temps que les allemands de SCHANDMAUL n'est pas chose facile). Mais de tout façon, le black metal progressif de KOLDBRANN s'apprécie dans des conditions extrêmes donc tout va bien. Les Norvégiens ne se laisseront pas abattre pour si peu et délivreront un set black dans la plus pure tradition du genre, froid et nerveux. Leur musique assez particulière aura aussi du mal à conquérir les simples curieux venus voir qui sont ces gens « corpse paintés » habillés de cuirs cloutés, mais rien ne perturbera leur motivation. C'est dans cette ambiance sombre que mon périple se termine, puisqu'il est l'heure de plier bagages.


      Je ne me rappelle pas avoir vu quatre jours passer aussi vite, aussi loin que ma mémoire aie enregistrée les divers festivals et concerts auxquels j'ai pu assister dans ma vie. Il fallait vraiment que je vienne à cette édition anniversaire de la très justement nommé Mecque du Metal, ce n'est pas tous les jours qu'on souffle sur un quart de siècle d'Histoire.
      Pour approfondir, le WACKEN OPEN AIR n'est pas un simple festival de metal de renommée internationale comme les autres. Dans ce petit village du nord de L'Allemagne juste au dessus de Hambourg, tout respire le metal: vous mangez/buvez metal, vous parlez metal, vous dormez metal, vous respirez metal, vous vivez littéralement metal entourés de metalheadz de tous horizons qui ne demandent qu'à partager leur culture avec vous (je n’ai jamais dis autant de fois le mot « metal »). Même le village en lui-même est intégralement au couleur du festival: les maisons deviennent des bars et des snacks, les boutiques des fournisseurs de spiritueux et nourritures adaptés au camping, les rues un défilés de têtes chevelues acquises à notre cause; un endroit où vous pouvez trouver absolument tout ce que vous chercher dans le domaine du hard rock/metal, que ce soit du petit détail le plus insignifiant (préservatif WOA les mecs) à l'élément le plus imposant (tente par exemple). C’est un festival que tout amateur de hard rock/metal digne de ce nom se doit de vivre au moins une fois dans son existence, sous peine de passer à coté de l'essence même de ce qui régie sa vie.