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Samedi 1er Décembre 2018


      Eeeeh bien!! Je dois vous avouer que lorsque j'ai découvert l'affiche de la 28ème édition du célèbre Festival de Vouziers, j'ai bien crû au photomontage d'un fan s'étant imaginé l'affiche heavy metal eighties nationale idéale! Vous imaginez bien qu'à peine ai-je compris qu'il s'agissait de la programmation officielle, je me suis précipité sur l'achat d'un billet. Grand bien m'en a pris puisque la date s'est retrouvée Sold Out quelques heures après! Mais regardez-moi cette série de noms plus prestigieux les uns que les autres, dont j'ai déjà eu la chance de voir une prestation live pour la plupart. Il n'y a que la tête d'affiche à ne pas être bien de chez nous, aussi la seule que je ne connaisse pas.
      Autant vous dire que l'attente jusqu'au 27 Octobre... pardon, jusqu'au 1er Décembre (la date a dû être déplacée) m'a paru sacrément longue, mais enfin nous y sommes! D'autant plus que malgré l'envie de m'y rendre chaque année (en particulier en 2014 lors de la venue de Di Anno et Bayley), il m'a fallu attendre cette édition pour enfin avoir la possibilité d'y participer.



      VENIN a fait un retour remarqué cette année avec le très bon La Morsure du Temps, il ne reste plus qu'à voir si le groupe marseillais a aussi conservé son énergie sur scène! Malheureusement, ayant tourné dans Reims pendant 1/2H avant de voir un panneau “Vouziers”, je n'ai pu voir que les deux derniers morceaux, le temps de constater que ça envoie aussi pas mal sur scène et d'apprécier le son des guitares (sur le moment).
      Du coup, on enchaine directement avec un autre retour réussi, celui de STILL SQUARE et son Hard Rock'N'Roll, encore un groupe que j'attendais de voir en live avec impatience! Je suis ravi d'être arrivé à temps pour les parisiens, mais ça commence mal vu qu'un ampli gratte fait des siennes et fait carrément sauter les plombs sur scène à la fin du premier titre "Hard Rock'N'Roll"... La suite se déroulera mieux heureusement, et le groupe de quinquagénaires nous donnera une leçon de heavy metal en bonne et due forme, chaque musicien semblant attiser sa flamme sacrée au plus fort de son intensité! En particulier Guy, magistral au chant, qu'ils ont du resortir du frigo juste avant le concert XD [pour comprendre, jetez un oeil à leur interview]! Ils sont de retour depuis maintenant 10 ans et ne sont pas près de raccrocher à nouveau, qu'on se le dise!

      Je connais peu DEMON EYES de Sannois, voilà une occasion d'approfondir mes connaissances à leur sujet. Je vais laisser les difficultés techniques pour une petite parenthèse qui englobera le tout et me focaliser sur la prestation. Si l'instrumentation speed et nerveuse est bien en place (même pour la jeune fille qui tient la basse depuis peu), on ne peut pas en dire autant du chanteur qui a du mal à cacher son âge et les handicaps qui vont avec: voix pas très en place (avec quelques circonstances atténuantes au niveau des retours), ton monocorde peu enthousiasmant, le chant n'est pas en adéquation avec le style dynamique de leur heavy metal et c'est bien dommage. J'avoues en avoir profité pour aller manger un morceau et arroser tout ça!

      Faisons donc un aparté sur l'élément qui fâche: la sonorisation. Que ce soit dans la salle ou sur scène, les balances étaient plutôt approximatives et inégales: tantôt une des deux guitares s’avère inaudible (en façade comme dans les retours, pour presque la moitié des groupes), tantôt la basse couvre pratiquement les guitares comme pour DEMON EYES et plus tard BLASPHÈME (DEMON EYES qui devra même s'y reprendre à trois fois pour lancer "La Revanche des Dieux" avant d'avoir enfin des guitares dans le retour chant), tantôt les larsens du micro chant nous agressent régulièrement au point que les chanteurs doivent garder leur mic au dessus de leur taille... Bref, ce n'était pas la joie de ce côté-là mais comme le dira si bien Alexis Roy-Petit: “C'est pas grave, on fait du rock n'roll”! Fin du mini coup de gueule, retour au positif largement dominant!

      TITAN fait parti de mon Top French Heavy, en particulier depuis que je les ai vus au Pyrenean Warriors Open Air l'année dernière. Et je ne suis pas le seul, au regard de l'accueil incroyable qui leur est réservé! C'est simple: ils seront ceux qui ramèneront le plus de monde devant la scène, et les seuls que le public scandera avant même leur montée sur les planches! En guise de remerciement, nous auront droit à deux inédits fraîchement composés (pas forcément d'album à venir pour autant me confiera le guitariste, mais peut-être un EP) qui seront bien sûr accueillis comme il se doit, au coeur d'une prestation toujours aussi passionnée et pêchue! Patrice Le Calvez est incontestablement la star de la soirée vu le nombre de fois qu'on entend son nom hurlé dans la fosse (tout comme la quasi totalité des paroles reprises en choeurs), et se montrera sans surprise digne des applaudissements, tout en humilité comme à son habitude. Le set se termine de manière aussi explosive qu'il a commencé, rendant le niveau de satisfaction très difficile à maintenir pour le groupe suivant.

      À l'instar de DEMON EYES, ATTENTAT ROCK m'est aussi assez peu familier. Pourtant, la formation d'Avignon est précédée de sa réputation et promet un set sympathique. Le hic, c'est que le chanteur Marc Quee chante en anglais (le monsieur est suédois), et même s'il parle très bien notre langue et peut même la chanter (il nous fera 1 ou 2 couplets en VF pour l'ambiance), ça casse carrément l'immersion dans l'atmosphère pure heavy français de l'affiche. De plus, leur musique moins percutante est plus proche de l'AOR que du heavy, tout comme ce chant impeccable mais très lisse qui termine de me sortir de mon jus heavy, que je vais tenter de conserver au mieux en prenant congé prématurément des Provençaux.

      On commence à taper dans le vraiment culte à présent! Ceux-là, je les pratique depuis une bonne décennie et je suis toujours content de pouvoir les revoir sur scène après leur passage au Hellfest en 2014! KILLERS, c'est une rage à la limite du thrash qui se déverse sur la fosse depuis leurs débuts en 1982, et sans jamais s'être reposé: seul groupe français de l'époque à ne pas avoir splitté, c'est un haut fait qu'on se doit de respecter! Pourtant, à l'image des précédents passages, le son ne sera pas au rendez-vous, encore moins la voix de Bruno qui lui fera défaut plus d'une fois. Les musiciens font au mieux mais leur peine est difficile à ignorer.
      C'est alors que ce que tous attendait arriva: Patrice (que je soupçonne d'être revenu un peu plus tôt que prévu) vient prêter main forte à son ancien compagnon d'armes sur "Assassin", "Au Nom du Rock'n'Roll" et se refera même "Rosalind" joué il y a une heure par TITAN! Les autres membres arrivent aussi petit à petit, faisant d'un final qui aurait pu être triste une véritable apothéose comme hommage vibrant/vivant à toute la scène heavy française des eighties, ce que la fosse saluera avec fracas!!

      ADX se fend aussi d'un heavy metal punchy qui annonce un set costaud, à l'image de leur dernier album Non Serviam. Comme prévu, le son est lourd tel qu’on l’aime, et Philippe Grelaud semble bien en voix ce soir. Lui aussi souffrira des retours en se décalant à quelques occasions mais rien qui n'ôtera leur bonne humeur aux musiciens comme aux fans. Le frontman ne bouge pas beaucoup sur scène, lui donnant de sympathiques airs de papy débonnaire à la hauteur de ce qu'on pourrait attendre d'un des piliers de la scène. Après la folie du précédent set, j'avoue que je trouve celui-ci un peu trop pépère à mon goût en dépit de l'enchaînement des hits qui constituent leur discographie. Un bon moment passé tout de même, avec un son qui se montre enfin digne des légendes défilant sur la scène ce soir sur les dernières minutes.

      BLASPHÈME, encore un de mes chouchous qu'il me tardait de revoir depuis le Paris Metal France Festival 5! Si en plus Olivier Del Val me dit qu'il y aura des surprises pour l’occasion, alors je suis encore plus pressé de voir ça! C'est avec deux titres très anciens et plus joués depuis longtemps qu'on entame les hostilités, de quoi mettre les fans en joie même s'ils n'arrêteront pas de réclamer des classiques comme "Orgie Romaine" (pas au programme ce soir). Le duo de chanteurs fait des merveilles comme toujours en se partageant équitablement le travail, les meilleurs moments restant encore ceux où ils chantent ensemble comme sur "Désir de Vampyr", "Vivre Libre" ou "Vengeance Barbare". Mention spéciale à Pierre Holzhaeuser qui est venu jouer directement après un accident sur l'autoroute (!), et à sa femme qui l'a convaincu de ne pas annuler cette date! Celui-ci passera d'ailleurs son temps à blaguer entre les morceaux, nous remerciant d'avoir regonfler le moral de l'équipe qui s'était bien inquiétée pour lui, finissant d’affirmer la place du combo si haut sur l'affiche comme une entité chère aux coeurs des fans dont ils sont si proches (chaque musicien viendra d'ailleurs au stand discuter avec eux après le show).

      Concernant VULCAIN, je n'étais pas spécialement motivé pour les voir après la déception qu'a été V8 pour moi, leur style Motörheadien n'étant pas vraiment ma tasse de thé (je n'étais pas encore au fait du tout récent Vinyle à ce moment-là). Je suis donc resté le temps de me rendre compte qu'en plus le chanteur avait des soucis avec sa voix, ainsi qu'il le confirme en désignant sa gorge régulièrement comme pour s’excuser. Ensuite, les britanniques de DEMON qui trônent au sommet de l'affiche ne m'ont pas vraiment plus convaincu sur disque... Du coup, vu la route que j'ai à faire pour le retour et les 9H que je viens de passer debout, je décide d'écourter les festivités et de regagner mon antre, non sans être passé par les différents stands pour claquer mes derniers euros!


      Voilà le genre de soirée qu'on ne s'attend pas à passer lorsqu'on se rend dans la salle des fêtes d'une petite bourgade de campagne dans l'Est de la France! La réputation familiale de l'événement n'est pas un hasard: date Sold Out certes, mais hors de question de blinder la salle jusqu'à l'étouffement comme ils pourraient se le permettre. Ici, tout est fait pour que les oldies et les newbies se sentent entre potes, de la petite salle remplie modérément à l'accueil très chaleureux par le staff, en passant bien sûr par une programmation aux petits oignons qu'on ne voit pas partout. Il reste encore le problème de l'ingénierie du son à régler, mais l'ensemble est tellement appréciable qu'on se contente de faire un peu la grimace au début des concerts pour vite se retrouver emporté par cette atmosphère unique et fraternelle typique du heavy, si bien restituée par l'équipe du festival autant que par ce public hyper respectueux (no pogo, no slam, no casse-couilles en gros).
      Encore merci à tous, et à l'année prochaine!

Par Yroenn  

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