En 2011 (ouai, il y a sept ans, ça remonte!), je découvrais ce groupe de Dubai baptisé Nevercell avec son album du moment qui était Psychogenocide. Rien d'exceptionnel si ce n'est une volonté farouche de faire parler de leur scène nationale en faisant le plus de bruit possible, car la rencontre fut violente! Au point qu'en voyant cette affiche, je suis parvenu à me rappeler de leur musique alors que je me demandais ce que ça pourrait bien donner dans une salle comme le Ferrailleur. De plus, après la soirée dédiée au black metal d'il y a deux jours, pourquoi ne pas enchaîner sur une soirée dédiée cette fois-ci au death metal histoire de maintenir la tension?


      Les locaux de Defenestration ont la lourde tâche de chauffer les planches à coup de masse, et c'est en parcourant pour nous le “manuel du deatheux en herbe” qu'ils vont s'exécuter. Car c'est à travers un set ultra classique que les Nantais balancent leur gros son, fortement aidés par un bassiste survolté (jouant au doigt, un bon point en plus) qui a du mal à rester en place et un guitariste concentré et technique capable de maintenir l'ambiance de son seul instrument. Peu de communication avec le public de la part du frontman en revanche, alors qu'ils jouaient à domicile. Une ouverture manquant pas mal de personnalité, un show assez commun mais punchy devant une salle peu remplie.
      Parlons dès maintenant de cette fosse pratiquement vide regroupant seulement une trentaine de chevelus pas encore partis en vacances, mais qui feront le travail pour les autres! Le son quant à lui est une nouvelle fois à la hauteur, excellente balance entre rythmique et mélodique à l'exception d'une basse qu'on entend jamais assez, ce qui n'est pas étonnant dans un style où tous les instruments jouent dans les graves.

      Nous arrivons à ma découverte de la soirée: Savage Annihilation, venu de Montargis! Si on pourrait leur reprocher d'être trop proches de Morbid Angel dans leur démarche (ce qui se confirme effectivement), on peut dire que les deux frangins le restituent bougrement bien! Amputés d'un bassiste qui leur fera faire cette mini-tournée française avec Nervecell à deux, cela ne les empêchera pas de foncer tel un bulldozer tout en technique pointue et en agressivité, ne laissant que rarement le temps au public de se reposer. L'accompagnement rythmique ne manque finalement que lors des soli, car le reste du temps notre frontman guitariste/chanteur parvient facilement à combler le vide à lui tout seul, tout en gardant le sourire. Derrière les fûts c'est l'immersion totale dans le jeu, rien de surprenant devant la richesse et la finesse de leurs compositions qui demande du doigté. Du grand art dans le registre death, m'ayant fait acheter leurs deux albums (et un pin’s) directement après le concert!

      Nervecell, en plus de partager avec ses deux premières parties un son impeccable, aura aussi en commun avec eux une bonne humeur pourtant difficile à afficher devant cette fosse extrêmement dispersée. Beaucoup de curieux dont la majorité semblait découvrir le groupe j'ai l'impression, mais accueil chaleureux mérité pour une formation efficace et généreuse. Leur death metal ciselé tape juste à l'instar de leurs prédécesseurs sur cette scène, sans donner dans l’originalité la plus folle non plus. Mais c'est exactement ce que cette affiche promettait après tout, à savoir du gras de qualité, et le quatuor débarqué des Émirats Arabes Unis pour défendre Past, Present... Torture sur le sol français nous a offert ce que nous réclamions en termes de lourdeur et d'exécution, avec un bonus gentillesse en supplément.


      Bien que moins diversifiée comparée à la programmation black de mercredi, nous avons eu droit là aussi à une belle démonstration de ce qu'il est possible de faire dans le domaine du death metal, avec trois formations possédant chacune leurs caractéristiques propres tant au niveau du style musical que de l'occupation de la scène, jamais évidente avec un espace et une audience aussi réduits. C'est également étonnant de voir autant de dates organisées en cette période de l'année malgré l'absence du public habituel, et je tiens à remercier les orgas qui continuent à prendre le risque de remplir nos agendas estivaux en dépit de cela, ce qui permet aux plus acharnés des metalheadz de combler les jours “off” entre les festivals avec de bonnes affiches comme celle-ci. Une bonne soirée de plus à ajouter à mes souvenirs de vacances!

Par Yroenn  

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