Qu'est ce que le temps passe vite! On a a peine posé sa tente le Jeudi qu'on se prépare déjà à la replier (couverte de boue cette année)! Mais bon, nous n'en sommes pas encore rendus là puisqu'il reste toute une journée de concerts à affronter, et pas des moindre au regard de cette programmation du jour sur laquelle de prestigieux noms apparaissent en fin de liste.





Liste des groupes vus:

DIMANCHE 19:
* NIGHTMARE
* STILLE VOLK
* DRAGONFORCE
* THE VISION BLEAK
* TARJA
* GOJIRA
* BLIND GUARDIAN
* SLAYER
* KATATONIA
* MEGADETH
* EMPYRIUM
* GHOST
* BLACK SABBATH
* PARADISE LOST
* KING DIAMOND

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VENDREDI 17
SAMEDI 18




  SETLIST BLACK SABBATH:
  - Black Sabbath
  - Fairies Wear Boots
  - After Forever
  - Into the Void
  - Snowblind
  - War Pigs
  - Behind the Wall of Sleep
  - N.I.B.
  - Rat Salad (+ solo batterie)
  - Iron Man
  - Dirty Women
  - Children of the Grave
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  - Paranoid


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DIMANCHE 19:

      Une rencontre sympathique peut parfois résulter d'une erreur dans la lecture d'un horaire de passage, et c'est à cette occasion qu'au lieu de me retrouver à 11H40 devant un certain groupe français, je tombe une heure plus tôt sur les italiens d'ARTHEMIS en train de balancer un petit heavy nineties fort sympathique. Rien de flamboyant à l'extrême, mais une exécution niquelle et un chanteur plutôt engageant malgré l'affluence ridicule en cette heure matinale. L'effet ne sera pas le même sur RAVENEYE, sorte de rock US un peu molasson qui aura bien du mal à me tenir éveiller (un des spots café du site m'y aidera davantage) jusqu'au groupe qui m'intéressait vraiment à l'origine.

      Si mes interactions avec NIGHTMARE sur le territoire furent nombreuses, c'est en Allemagne qu'a eu lieu la plus récente. The Aftermath fut le dernier opus mettant à contribution les frères Amore, partis depuis fonder Oblivion (dont nous espérons entendre l'album bientôt). Ceci n'étant pas le sujet du jour, nous revenons au groupe mené par Yves Campion, toujours maître à bord, accompagné d'une nouvelle équipe qui inaugure justement la présente formation aujourd'hui. Au chant point de mâle mais une femme à la voix tout aussi rugueuse, j'ai nommé Magali Luyten (Virus IV/Beautiful Sin) qui aura la lourde tâche de succéder à un de nos plus énergiques frontmen. La dame n'est pas aussi ample vocalement ni aussi mobile que son prédécesseur, elle essayera sur le 1er titre un timbre qui ne conviendra pas mais saura s'adapter immédiatement grâce à un second morceau, inédit tiré du futur album à paraître en Novembre, écrit pour sa voix. Elle ne sera pas démontée pour autant puisqu'elle sera plus à l'aise à partir de cet instant. Un second extrait est d'ailleurs présenté, "Serpentine" dévoilant un duo avec l'excellent Kelly Sundown (Beyond Twilight/Outworld/Adagio) qui promet du lourd pour l'album. Baptême du feu réussi, bien que la belle soit consciente qu'il reste encore du chemin à accomplir pour gagner le coeur des fans les plus anciens.

      Autre lieu, autre ambiance, c'est en acoustique qu'on retrouve STILLE VOLK sous la Temple pour un moment de poésie médiévale et de farandole (le Circle Pit de l'époque). Vielle à roue, luth et tambours sont de la fête pour nous faire profiter d'un échange intimiste et reposant. Le trio ne cherche pas à en mettre plein la vue mais au contraire à jouer de cette proximité et d'un public pas trop chargé pour entretenir cette atmosphère légère parfois teintée de l'aspect sombre de certaines de leurs mélodies. Le public sait d'ailleurs lorsqu'il est temps de danser en opposition aux moments ou on se contente d'écouter la mélancolie de leur musique. Un instant vraiment appréciable au milieu des riffs et rythmiques lourds servis aux alentours.

      La suite (après le déjeuner) n'a pas grand chose de lourd non plus remarquez, c'est même carrément l'inverse. C'est à toute vitesse comme dans ses habitudes que DRAGONFORCE envoie la sauce, In The Line Of Fire ayant donné un aperçu de ce à quoi ça pouvait ressembler pour ceux qui y auraient jeter un oeil. Moi, j'ai vu Marc Hudson pour la première fois au Sonisphere en Juin 2013 et avait déjà été convaincu par la légitimité de ce choix. Ce show présentant le visuel de leur récent Best Of Killer Elite n'est au final pas très différent de celui que j'avais pu voir à l'époque, à l'exception de l'ajout de morceaux provenant du dernier opus en date Maximum Overload. Les anglais ont leur méthode, le talent et la technique nécessaire, ils l'appliquent ainsi à chaque fois et le fait est que ça marche bien pour eux.

      Si NO ONE IS INNOCENT était passé ici l'année dernière, je n'aurais probablement pas été les voir. Mais BarricadesLive m'a présenté suffisamment d'arguments pour que l'envie me prenne, cependant THE VISION BLEAK a eu la mauvaise idée de se produire justement sur ce créneau... C'est finalement vers les allemands que j'irai, sans aucun regret puisque leur dark metal gothique touchera directement mes points sensibles le temps que durera le set. Une fois de plus, la Temple peu remplie se prête merveilleusement à l'atmosphère que le quatuor parvient à construire, mené par la tête pensante d'EMPYRIUM [que nous verrons plus tard] qui les guide de sa guitare assurée et de ses quelques interventions gutturales mesurées. La voix lead est grave et suave, à l'image de ce que la scène goth teutone propose souvent, et les thèmes tournant autour d'histoires fantasmagoriques à base de créatures mythiques et autres comtes lovecraftiens plantent bien le décor (incarné physiquement par une simple tombe à coté de la batterie). Voilà qui était amplement suffisant pour faire le show comme il convenait.

      La chute va être rude face à TARJA en solo, dont le DVD live Act 1 m'avait pourtant décidé à faire l'effort du déplacement! Seulement, la réalité ne fut pas aussi heureuse et j'eus tendance à m'ennuyer ferme confronté à une ex-Nightwish plus pop que lyrique, chantant dans une robe de mauvais goût sur des compositions pas plus inspirées que son styliste. Elle a beau se démener avec ardeur et sourire pour combler le vide musical, la mayonnaise ne prend clairement pas; pas plus que sur cette réinterprétation personnelle de "Ever Dream" gâchée par une tentative incompréhensible de medley. Il fallait juger sur place, c'est fait, on passe vite à autre chose.

      En ce qui concerne GOJIRA, en dehors du fait que Jo ne manque pas un interlude pour exprimer le plaisir du groupe de se retrouver pour la 4ème fois au Hellfest, le déroulement sera en tout point identique à leur prestation délivrée au Download. De toute façon, je ne suis là que pour attendre les teutons de BLIND GUARDIAN qu'on a trop peu l'occasion de croiser par chez nous. Beyond The Red Mirror étant l'actualité, plusieurs morceaux seront donc joués ce soir, bien que ce soit les éternels classiques comme "Time Stands Still", "Valhalla", "Mirror Mirror" ou le moment ballade "The Bard's Song" qui remportent le plus de suffrage auprès de la fosse, vraiment très présente sur ce show. Hansi se montre particulièrement en forme aujourd'hui, bien gaillard lorsqu'il s'agit de pousser la voix ce qui fait plaisir à voir! Si la mobilité sur scène n'est pas leur fort, on ne retirera jamais le fort potentiel d'ambiance heroic fantasy contenu dans leur musique, aussi accrocheur en live que sur album.

      Fort d'un Repentless fleurant bon les anciennes productions, SLAYER débarque à son rendez-vous régulier à Clisson pour balancer ses gros riffs thrash accompagnés de la voix criarde de papy Araya. Décidément, lui aussi semble avoir la pêche en cet après-midi de Juin couvert! Ça ne rendra pas l'interprétation de leurs éternels classiques plus inoubliables que d’accoutumée, mais ce détail aura le mérite de ne pas leur enlever leur envergure et leur impact, c'est déjà un point important. Un passage qu'on pourra mettre en haut du panier de leurs visites dans nos terrains viticoles.

      Je continue dans ma série des dépucelages avec celui qui concerne KATATONIA. Un détour par la Altar absolument pas indispensable, cependant je ne suis pas contre une petite pause dans la brutalité pour aller m'apaiser au son de l'agréable The Fall of Hearts. Impossible pour moi de reconnaître de quelconque hits dans la setlist, alors que l'atmosphère générale rappelant les moments calmes d'Opeth ou de Porcupine Tree sous certains aspects me parle complètement. Je laisserai à ma voisine de fosse le soin de danser lascivement dans une transe étonnante sur ces mélodies à la fois positives et mélancoliques que la masse aura pris soin d'esquiver. En même temps, vu ce qui se prépare sur les Mainstages pour la fin de soirée (et de festival), je comprends un peu le choix de celle-ci.
      Cela ne m'a pas empêché d'apprécier cet encart à sa juste valeur, au même titre que j'apprécierai celui d'EMPYRIUM qui entrera parfaitement dans sa lignée, le concept n'étant vraiment pas très éloigné. Il s'agit plus d'inspirations black metal ambiant ici, dispensé par un guitariste/growleur qu'on a déjà vu un peu plus tôt (accompagné du même bassiste au passage), leur chanteur clair et la jolie blonde violoniste en retrait faisant la différence en termes de signature. Bravo au mixage qui aura su doser à la perfection chaque instrument pour que ce set diffuse au dosage approprié sa touche d'influence nordique.

      C'est amusant, car je reprend le set de MEGADETH très exactement là où je l'avais laissé à Paris, c'est à dire au milieu de "À Tout le Monde" dont le public reprend sans forcer le refrain en français. La fin est aussi cool que le début, et cela en dépit de la fatigue qu'on sent dans le chant de Dave; je maintiens donc tout le bien que j'en ai pensé la semaine dernière. Il faut croire que la bande à Mustaine est partie sur une bonne lancée avec cette équipe! En fait je l'avoues, j'étais surtout là pour me placer correctement afin de profiter au maximum du spectacle qui va s'offrir à nous incessamment sous peu.
      Qui ne se souvient pas du show mémorable délivré par GHOST sur ses planches en Juin 2013? Ceux-ci sont probablement accrochés à la barrière à l'heure qu'il est, la suite va amplement leur donner raison. Bien que la forme du Pape satanique ne lui aie pas permis d'être au top au Download (je ne compte plus les incrustations de ce lien), il a pris sa semaine pour se reposer, se soigner, afin d'être fin prêt pour la messe noire qu'il a concoctée tout spécialement pour cette soirée! Placée sous le signe de Meliora (seuls "Majesty" et "Deus In Absentia" manquent à l'appel), la mise en scène majestueuse est tellement travaillée qu'il m'est impossible de tout détailler sans écrire une page entière juste pour ce show, alors je vais essayer de résumer très brièvement: apparition des Sisters of Sin pour donner l'eucharistie au premier rang sur "Body And Blood" puis distribuer des préservatifs plus tard, Papa Emeritus III qui tombe la toge au profit d'un costume plus léger, l'explosion de billets de banque plus vrais que nature à l'effigie de l'icône papale, le célèbre sermon sur la célébration de l'orgasme féminin (Sa Majesté n'aura jamais été aussi loquace et drôle que ce soir, entre ce speech et ses nombreuses interventions inter-chansons) avant l'incontournable final "Monstrance Clock" que la chorale des enfants de Clisson accompagne, et croyez-moi j'en oublie! Il nous avait promis un spectacle spécial, il n'avait pas menti. Il s'agit probablement du show le plus riche et le plus complet donné par GHOST dans notre pays, peut-être même dans le monde avec un peu de chance, et nous y étions!

      En me souvenant de la prestation malheureuse qu'avait faite BLACK SABBATH en 2014 pour la tournée promotionnelle de 13, j'ai eu peur que le niveau ne redescende trop brutalement et que ce concert d'adieu ne soit un fiasco. J'avais en plus hérité d'une place de choix pas très loin de la scène, bien dégagée, alors j'ai prié pour que cela ne se reproduise pas. Mes prières ont été exaucées puisque le père Ozzy est parvenu à chanter juste tout le long du concert, à l'exception d'un "Into the Void" un peu plus délicat par son dynamisme, et à garder le tempo jusqu'à la fin sans faiblir! Je ne pensais pas qu'il pourrait le faire, il m'a donné tord. Le duo fondateur a gardé sa tranquillité habituelle, paire de virtuoses bluesy que le milieu du metal n'oubliera jamais, tandis que Tommy Clufetos frappait ses fûts comme un diable (il aurait put nous épargner ce solo de batterie à rallonge franchement gonflant sur "Rat Salad"), le tout soutenu par des images psychédéliques filmées et retouchées en live. Setlist spéciale ne contenant que des titres antérieurs à 1976 [Technical Ecstasy], ce qui n'exclue que Never Say Die! et 13 par rapport à d'habitude quand on y pense, soit justement ce que les fidèles de BLACK SABBATH ont envie d'entendre. En plus de sauver l'honneur, les précurseurs s'en vont avec panache, confiants dans l’idée que leur empreinte dans le milieu ne s'effacera jamais.

      Voilà bien longtemps que je n'avais pas fait de concert accoudé à la barrière. Je crois bien me rappeler de la situation d'ailleurs. Il y a deux ans en Allemagne, je vomissais mes tripes durant la seconde moitié du show de KING DIAMOND, ce qui m'avait obligé à basculer derrière la dite barrière pour rejoindre au plus vite les sanitaires... Rattrapage obligatoire cette année, et à la même position! Il semblerait qu'en plus la représentation n'aie pas changé depuis lors, le jeu de scène orchestré autour de l'histoire d'Abigail imaginé par le King se répétant encore cette année afin que je puisse en voir la fin. Le heavy du danois a quelque chose de mystique en plus d'être terriblement efficace, une classe et une puissance que seul lui et l'entité disparue à laquelle il appartenait ont été capables de retranscrire à travers le temps, ce heavy prenant une ampleur fantastique en live. Ajoutons à cela que le King (toujours autant en voix “de tête”) ainsi que la danseuse qui interprète Abigail jouent admirablement leurs personnages dans ce décor de théâtre, en plus des roadies habillés en moine qui installent/récupèrent le matériel avec la même gestuelle, vous obtenez une représentation que vous devez voir au moins une fois dans votre vie, si vous n’êtes pas allergiques aux vocalises de fausset qui font la renommée de KING DIAMOND. On ne s'en lasse pas!

      Voilà sur quoi se termine cette édition annuelle de notre regroupement de passionnés préféré! Une fin en apothéose pour une édition d'envergure qui aura tenue toutes ses promesses à tous les niveaux! Pour tout vous dire, je suis en général lessivé et hâtif de rentrer chez moi au terme de ces trois jours; mais cette année, en dépit d'une réelle fatigue physique, ma forme morale disant “merde” à mon corps aurait bien vécue une quatrième journée! Dire qu'il va faloir attendre 362 jours à partir de maintenant pour pouvoir refouler du pied ce sol aujourd'hui couvert du regard bienveillant de Lemmy, j'en suis triste rien que d'y penser... Il va y avoir des concerts bien sûr, d'autres festivals même, mais ça n'est pas la même chose, ce dont nous sommes tous conscients, festivaliers autant qu’artistes comme en attestent leurs témoignages.



      PARADISE LOST clôture le Hellfest sous les tentes. Le show est très propre, le son bien lourd même si la Mainstage entre en compétition sonore de façon assez peu agréable. Je ne reste pas longtemps sur le set des Anglais mais le spectacle est musclé et concluera en beauté un Hellfest dense, une superbe édition que le temps pourrit et la boue n'auront pas su ternir [NDYro: je ne saurais trop vous conseiller de vous pencher sur leur excellent double-live Symphony For The Lost]. Une de mes meilleures éditions pour ma part.

Par Nerilka