Outsider

    note   13/20

      line-up
    * Bernie Shaw – chant
    * Mick Box – guitares
    * Phil Lanzon – claviers
    * Russell Gilbrook – batterie
    * Dave Rimmer – basse

      tracklist
    01. Speed Of Sound
    02. One Minute
    03. The Law
    04. The Outsider
    05. Rock The Foundation
    06. Is Anybody Gonna Help Me?
    07. Looking At You
    08. Can't Take That Away
    09. Jessie
    10. Kiss The Rainbow
    11. Say Goodbye

"Outsider"

Sorti le 6 Juin 2014 chez Frontiers Records

Site Officiel: www.uriah-heep.com
Facebook: www.facebook.com/uriahheepofficial


      Avec Live In Armenia, j'avais appris à redécouvrir Uriah Heep alors que mes seuls contacts avec le groupe de rock progressif londonien jsuque là étaient ses plus anciennes réalisations, de Very 'eavy... Very 'umble en 70 (soit un an seulement après leur formation) au Best Of High and Mighty clôturant une première époque prolifique en 76. Si les albums continuent à s'enchainer après cela, la mort du chanteur emblématique David Byron changera littéralement la donne (introduisant au passage le chanteur actuel Bernie Shaw) et le groupe fera une longue pause studio de dix ans après l'enregistrement de Sonic Origami en 98. Il faudra attendre la sortie du très bon Wake the Sleeper pour retrouver un groupe au mieux de sa forme et près à en découdre à nouveau (non sans avoir eu droit aux sempiternelles réalisations destinées aux fans, comprenant multiples lives et compilations).

      Into the Wild, le successeur de Wake the Sleeper, est sorti il y a trois ans maintenant. C’est semble-t-il le rythme que souhaite garder le quintet à présent, un rythme tout à fait honorable que bon nombre de formations de la même époque respectent également. On aura constaté que le son de leur rock progressif toujours authentique s'est bien modernisé, si on ne tient pas compte de la présence d'un Orgue Hammond caractéristique des années 70 qui passe encore très bien le cap de la mise à jour. Cet instrument est le marqueur d'une période que le groupe ne souhaite pas quitter de si tôt, malgré le renforcement des guitares et le rendu plus propre dus à l'avancée technologique dont a autant profité l'industrie du disque que n'importe quel support multimédia. Mais je ne vous apprends rien.
      Il y avait déjà un gouffre très important entre les compositions post-Return to Fantasy et les albums parus entre Firefly [77] et Sonic Origami, j'ai eu le temps de rattraper mon retard dans les grandes lignes et ainsi de m'en rendre compte de manière encore plus flagrante. Les expérimentations ne sont plus à l'ordre du jour, la ligne de conduite suivie se contentant de chansons rock classiques mais nerveuses habillées d'une robe eighties que même une prise de son contemporaine ne pourra (heureusement) jamais cacher. La voix vieillissante de Bernie (au même titre que celle de Gillan par exemple, ce n’est donc pas un reproche) ne manque pas de charme et reste tout à fait dans le contexte, au moins autant que ces morceaux loin d'être impressionnants techniquement mais dont l'accroche se fait encore parfaitement sentir. N'oubliant pas de varier les tempos du plus posé au plus rapide, nous pouvons donc jouir de nos moments de calmes autant que de réveils punchy en nous imaginant plongés dans le passé, sans craquements de disque ou inégalités de balance entre les instruments cependant.
      On peut tout de même reprocher à la formation quarantenaire de manquer cruellement d'initiative, se contentant de nous donner finalement exactement ce qu'on attend d'eux. Aucune prises de risque, pas de surprises significatives non plus: un déroulement de tracklist sans accro, suivant un plan précis établi depuis plusieurs dizaines d'années maintenant. Il est évidemment logique pour des musiciens de leur âge de ne pas chercher à se lancer dans une nouvelle direction sans savoir s'ils auront le temps de la modifier en cas de mauvais choix, alors que suivre l'horizon en ligne droite est si confortable tant pour eux que pour leur public le plus fidèle. Et pourtant, il est possible que même ce public-là souhaite en fait être étonné par ses idoles!

      C'est donc avec plaisir mais aussi quelques regrets que nous profitons de ce vingt-troisième album studio de Uriah Heep (ça fait une sacrée discographie!), qui laissera une nouvelle fois bien froid les réfractaires de cette musique d'un autre temps autant qu'il comblera les amateurs de rock british à l'ancienne, jamais rassasiés en dépit du nombre incroyable de survivants de cette scène encore en activité de nos jours. Cet album aurait pu tout aussi bien sortir il y a vingt ans, la différence aurait été difficile à cerner (à l'exception de la prod'). Positif ou négatif, prenez-le dans le sens que vous voulez.

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