Black Drapes For Tomorrow

    note   17,5/20

      line-up
    * Davide Straccione (chant)
    * Raffaele Colace (guitare)
    * Gabriele Giaccari (guitare)
    * Matteo Capozucca (basse)
    * Emiliano Cantiano (batterie)

      tracklist
    01. Tributary Waters
    02. Donau
    03. Tide Against Us
    04. House of Cries
    05. Black Drapes for Tomorrow
    06. The Enemy Within
    07. Carry On, My Tiny Hope
    08. We Ain't Ashes
    09. A Thousand Storms
    10. The Kolyma Route
    11. Death of A River

"Black Drapes For Tomorrow"

Sorti le 14 Avril 2017 chez Candlelight/Spinefarm Records

Site Officiel: www.shoresofnull.com
Facebook: www.facebook.com/shoresofnull


      Lorsqu'Enslaved et d'autres de leurs compatriotes ont décidé de s'affranchir des codes restrictifs du trve black metal pour trouver leur propre voie, cela n'a pas manqué de provoquer des dissensions au sein de la communauté autour de cette scène, souvent ancrée dans les traditions et prête à en découdre vigoureusement pour les défendre. Si c'est pour nous donner des albums à la hauteur d'In Times, je suis de tout coeur avec les rebelles!
      En 2013, Shores Of Null se forme à Rome autour de musiciens issus de nombreux autres formations (Zippo/The Orange Man Theory/Noumeno/Il Grande Scisma d'Oriente/Mens Phrenetica) pour suivre ce chemin nouvellement mis à jour par les précepteurs norvégiens. Le résultat ne se fit pas attendre puisque Quiescence envahit les bacs l'année suivante, dévoilant un style croisant le black et le doom (dont les italiens sont très friands) avec cette touche progressive marquante, ne mettant pas leur musique à la portée de toutes les oreilles. En dépit de cette approche, l'accueil est on ne peut plus chaleureux, côté public comme médias. D'une scène metal extrême ont émergé ces adeptes de la subtilité dont nous allons décortiquer dans la joie le second opus dès à présent.

      La référence Enslaved ayant été lâchée aux premiers mots de cette chronique, vous savez déjà globalement à quoi vous attendre avec Black Drapes For Tomorrow. Mais pour ne pas manquer de précisions au sujet des romains, et pour ne pas minimiser leur grand talent artistique, nous ne nous contenterons pas de cette comparaison qui ne constitue que la surface de l'iceberg.
      Déjà, un mot englobe l'atmosphère installée par les chansons de Shores Of Null: poésie! N'ayant pas eu l'occasion de porter mon attention sur le premier album, je me contenterai d'évoquer mon ressenti sur le présent disque en imaginant que son univers onirique était aussi bien représenté sur le précédent. Cet album, c'est un voyage dans le brouillard d’une route de forêt à la recherche d'une certaine lumière bienveillante. Là où le black metal et le doom metal ont tendance à appuyer sur les facettes les plus malsaines et les plus sombres de l'Homme, la combinaison des deux opérée par le combo rital se veut bien plus optimiste, en y apportant une touche d'espoir sous-entendue qu'on ne voit toutefois jamais apparaître clairement. L'apport de ce chant clair rappelant le timbre mélancolique et le phrasé posé de Kristoffer Rygg (ex-Arcturus/Borknagar, Ulver) représente justement ce qu'il y a de plus lumineux dans une musique conservant de ses origines son agressivité et sa pression.
      En opposition à ses phases mélodiques, le chant guttural de Davide Straccione (Zippo) tout aussi bien maîtrisé incarne les abysses de cet atmosphère, sorte de Yang en réponse au Yin décris un peu plus tôt qui s'associe ainsi aux passages instrumentaux plus lourds et sombres de chaque morceau. Cette dualité se retrouve donc titre après titre, à l'image d'une conversation en plusieurs phases dont la finalité serait soit l'apaisement de l’esprit soit la dépression [mention spéciale à "A Thousand Storms", certainement la piste la plus riche et la plus surprenante de l'album, contenant même un judicieux break de blast].

      Bien que très homogène sur les 51 minutes qui le compose, cet album n'en demeure pas moins hyper diversifié et admirablement immersif! Vous aurez remarqué que je n'ai que très peu évoqué la technique musicale pure ou même les instruments en eux-mêmes lors de cette chronique, me focalisant sur ce qui est pour moi le principal intérêt/atout de cet album: sa magistrale et merveilleuse ambiance. Shores Of Null s'affaire de sublime manière à nous plonger littéralement dans sa musique, employant chaque parcelle de leurs influences et de leur inspiration admirablement combinées pour nous faire oublier l'espace de presque une heure le monde extérieur. Cet album s'écoute d'une traite dans son intégralité, au casque de préférence pour étouffer toute interférence environnante: c'est dans ces conditions que vous pourrez en profiter pleinement.

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