Machine Messiah

    note   17,5/20

      line-up
    * Derrick Green, Chant
    * Andreas Kisser, Guitares
    * Paulo Jr.Xisto, Basse
    * Eloy Casagrande, Batterie

      tracklist
    01. Machine Messiah -5:54
    02. I Am The Enemy -2:27
    03. Phantom Self -5:30
    04. Alethea -4:31
    05. Iceberg Dances [instru.] -4:41
    06. Sworn Oath -6:09
    07. Resistant Parasites -4:58
    08. Silent Violence -3:46
    09. Vandals Nest -2:47
    10. Cyber God -5:22

"Machine Messiah"

Sorti le 13 Janvier 2017 chez Nuclear Blast Records

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      Je sais parfaitement qu'il a provoqué pas mal de dissensions au coeur de la communauté des fans de Sepultura, mais The Mediator Between Head And Hands Must Be The Heart m'avait personnellement procuré le plaisir nécessaire pour retrouver foi en eux après la grosse déception que fut Kairos. Un bon équilibre entre la volonté de revenir un peu aux côtés plus nerveux de leurs débuts tout en gardant ces aspects progressifs plus en adéquation avec les productions de la dernière décennie. Et voilà qu'on nous balance deux nouveaux titres assez furieux lorgnant largement sur les débuts du combo brésilien, remettant une nouvelle fois en jeu les espérances des uns et des autres!

      À commencer par "I Am The Enemy", thrash brut de moins de 3 minutes dont la formule sera reprise pour son équivalent "Vandals Nest", contrebalancé directement avec l'oriental "Phantom Self" qui collerait bien avec les ambiances tribales présentes sur le très bon Nation. L'heure n'est donc plus à la tergiversation, on rentre directement dans le vif du sujet, et ce même si le titre éponyme (et le final "Cyber God" qui lui fait écho) brouillait un peu les pistes en ouverture sur un tempo moins dynamique et un chant clair grave, assez soft. Lorsqu'en revanche avec "Alethea" on se retrouve en face d'une introduction chiadée très progressive comme on pouvait les entendre sur A-lex, on est une fois de plus perdu dans les intentions des musiciens. Souhaitent-ils avec cet opus se faire une petite rétrospective de toutes les périodes couvertes par les différents styles pratiqués depuis 1984? En allant jusqu'à mettre de l'orgue Hammond sur l'instrumental "Iceberg Dances" qui part dans tous les sens, je ne puis plus jurer de rien!
      Et pourtant la sauce prend vraiment toute seule! On pourrait croire que vouloir approfondir un peu trop le background des influences sur un seul et même disque perturberait l'équilibre de celui-ci, mais l'ensemble se tient en fait parfaitement bien. Ceci est probablement dû à ces nombreuses années à donner dans l'expérimentation depuis ce changement de chanteur ayant grandement bousculé leurs habitudes, ce qui permet de placer le genre de morceau qu'on a entendu avant tout en callant pour le plaisir un titre très apocalyptique dans son atmosphère comme "Sworn Oath", ses samples lugubres et ses cordes dramatiques, juste avant de prendre le contrepied en plaçant ce "Resistant Parasites" plus lourd et épuré, presque death. Le jeu de percussions si cher à la formation est plus que jamais présent sur ce disque, les breaks et les enchaînements groovy aux toms graves ne manquant jamais de se faire une petite place entre deux accélérations vives; "Silent Violence" se pose d’ailleurs en démonstration dans ce goût-là.

      En définitif, nous avons peut-être bien une sorte d’album biographique regroupant un peu de chacune des étapes musicales franchies par Sepultura en plus de 30 ans de carrière, le tout passé à la moulinette d'une production se promenant étrangement entre le contemporain et l'ancien. Le son de guitare caractéristique d'Andreas Kisser ne semble pas bouger d'un pouce depuis le virage qu'avait effectué Chaos A.D; il ne s'est pourtant jamais aussi bien accordé avec le son général qu'ils fournissent aujourd'hui, allez savoir comment. C'est en tout cas un des nombreux éléments qui expliquent pourquoi on se prend ce quatorzième album dans la face avec un grand sourire, en songeant ironiquement aux pauvres fous qui réclamaient à corps et à cris d’énièmes copies de Beneath the Remains sans rien comprendre à l'évolution du quatuor, ou pire: un retour aussi désespéré que vain des frères Cavalera.

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