Live At The Opera

    note   19/20

      line-up
    * Satyr : Chant, Guitares
    * Frost : Batterie
    * Steinar Gundersen : Guitares
    * Anders Odden : Basse
    * Anders Hunstad : Claviers
    * Gildas Le Pape : Guitares

      tracklist
    01. Voice Of Shadows
    02. Now Diabolical
    03. Repined Bastard Nation
    04. Our World it Rumbles Tonight
    05. Nocturnal Flare
    06. Die By My Hand
    07. Tro Og Kraft
    08. Phoenix
    09. Den Siste
    10. The Infinity Of Time And Space
    11. To The Mountains
      - - - - - - - - - - - - - -
    12. The Pentagram Burns
    13. Mother North
    14. K.I.N.G

      [toutes les images de l'article
      sont des screenshots du DVD]


Live At The Opera

"Live At The Opera" [DVD]

Sorti le 1er Mai 2015 chez Napalm Records

Site Officiel: www.satyricon.no
Facebook: www.facebook.com/SatyriconOfficial


      Satyricon ne fait rien comme les autres. Alors lorsque Satyricon édite son premier DVD live officiel en 24 ans de carrière, il ne fait pas les choses à moitié. Bien sûr, le duo norvégien n'est pas le premier à se lancer dans la folle aventure du concert symphonique (donné sur l'une des dates composant la tournée Dawn of a New Age 2015) et d'en faire un DVD par la suite, mais deux choses différencient largement ce projet à ceux qu'on voit fleurir un peu partout une fois le Printemps venu. Premièrement, Satyricon n'est pas du tout un groupe symphonique. Deuxièmement, nul orchestre philarmonique prévu ici, mais une chorale de 60 voix: le Norwegian National Opera Chorus, conduit par David Maiwald. Pour honorer cette collaboration comme il se doit, il fallait un lieu approprié: ça sera le Norske Opera & Ballett d’Oslo, dans lequel l'ensemble s'est produit le 8 Septembre 2013. Le contexte et son décor sont installés, voyons-en le résultat à présent.

      Pendant que la batterie sort du sol à droite de la scène, Satyr s'avance seul face à la salle, il entame "Voice Of Shadows" [l'intro de Satyricon, l'album] à la guitare, qu'il abandonnera par la suite pour se concentrer sur le chant et le spectacle. Une lumière blanche vient l'éclairer ainsi que son compagnon Frost derrière sa batterie; ils seront les seuls à bénéficier de ce faisceau mettant en avant les Dieux Nordiques de la soirée. Sur les trois premiers morceaux, une lumière d'ambiance rouge recouvrira la scène avant de passer sur un éclairage blanc/bleu moins oppressant, marquant un changement d'atmosphère visuel. La caméra accordera les mêmes privilèges que la lumière à notre paire d'artistes, ainsi qu'aux soixante vocalistes invités pour l'évènement. Les guitaristes et le bassiste lives en revanche (respectivement Steinar Gundersen de Sarke, le frenchie Gildas Le Pape de Morbid Rites, et Anders Odden de Cadaver) seront constamment et volontairement plongés dans les ténèbres, à l'exceptions de quelques rares prises de vue, ne faisant ainsi aucune ombre aux deux maitres de cérémonie.


      Si la musique de Satyricon baigne dans le black metal le plus brut et lancinant, la mentalité de ses membres est loin d'arriver au niveau de celle de leurs compatriotes extrémistes. La détente dont fait preuve Satyr, qui remercie d'entrée (en anglais) les personnes présentes tous pays confondus en faisant au passage une petite blague (en norvégien), montre bien qu'il n'est pas dans un délire « nihilisme et haine absolue » souvent associé au genre. Même remarque à propos du déchainement total dont fait preuve Frost sur ses fûts, un vrai plaisir pour les yeux autant que pour les oreilles.
      C'est là qu'interviennent les arrangements de la chorale. Si vous connaissez "2001: l'Odyssée de l'Espace", vous avez certainement été marqués par le lugubre requiem pour voix & orchestre écrit par Gyorgy Ligeti qui habille de manière inquiétante l'apparition du monolithe. La chorale nous place régulièrement des passages aussi morbides, que ce soit en fin de titre ("Nocturnal Flare") ou en intro ("Phoenix"), un bonheur de noirceur impeccablement associé au metal de la formation scandinave. D'ailleurs, nous pourrons aussi profiter du timbre clair et grave de Sivert Høyem (chanteur de Madrugada) pour ce même morceau dont il est l'auteur, tandis que Satyr reprendra brièvement la guitare. Il s'agit peut-être aussi du seul titre où je trouve que les chœurs sont de trop sur le refrain. Ces derniers savent aussi se montrer plus traditionnels comme sur ce pont ambiant marquant une pause au cœur de "The Infinity Of Time And Space" puis son final, ou encore le rappel "The Pentagram Burns". Mais bon, un tout petit bémol sur 1H30 de perfection (qui en plus ne reflète que mes goûts personnels), ce n'est vraiment qu'un flocon égaré sur la montagne enneigée.


      Satyricon se montre donc impérial sur sa première tentative dans ce format, avec en plus de cela un cadre riche et subtil auquel il leur a fallu s'adapter. Deux univers aux ambitions bien différentes mais aux racines quasiment identiques (tout découle de la musique classique, les musiciens de metal commencent souvent leur formation par là) se croisent le temps d'un concert grandiose et envoûtant, métamorphosant le style radical et épuré du combo en une musique massive et pesante sans en altérer l'âme. Bien au contraire, cette rencontre contribue à en faire ressortir des éléments moins évidents à cerner dans le contexte habituel de leurs albums studio, comme leur état d'esprit au naturel par exemple.
      Bref, c'est un succès total, du premier coup en plus! Un DVD sur lequel cracheront peut-être les puristes à tort (qui oublieront au passage d'où est issue notre musique) mais qui convaincra un large public, qu'il soit immergé dans le black metal jusqu'au cou ou simple amateur. J'en suis persuadé.

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