"The Triumph Of Piracy"

Sorti le 9 Février 2018 chez Napalm Records

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      En ayant un aperçu du programme proposé par Rumahoy, on ne peut s'empêcher de pointer du doigt l'opportunisme tout en s'écriant « tient, un groupe de folk metal dans la thématique de la piraterie, quelle originalité! », surtout en constatant que le quartet de Caroline du Nord n'est dans le circuit que depuis bientôt sept ans (ils ont commencé l'année où est sorti Back Through Time, troisième opus d'Alestorm)... Oui, rien de palpitant ne ressort de ce premier contact avec le groupe, je dois l'admettre. Mais nous allons essayer de mettre nos aprioris de côté, sans oublier que la couverture d'un livre ne reflète pas forcément son contenu! D'autant plus que l'approche est ici clairement humoristique, le groupe ayant même déjà sorti un disque intitulé Heritage Tales: The Very Best of Rumahoy en 2012 avant même la production d'un premier LP, ce qui indique assez clairement l'état d'esprit second degré dans lequel les instigateurs se placent pour leur projet. Assez de supposition, place au concret!

      ...Et je dois avouer que ça n'est pas très bien parti. "AHOY!" et "Quest for Heritage" sont de purs concentrés des plus gros clichés du Pirate Metal pour le résultat le plus consensuel qui soit: une grosse voix située entre Swashbuckle et Alestorm, de la flûte dansante empruntée à n'importe quelle autre formation folk déjà existante, des claviers épiques/héroïques directement sortis des albums d'Alestorm sans aucune retouche, du “Yoho! Yoho!” à tous les coins de refrains, le tout versé sans retenue sur une rythmique plus que basique servie par un combo guitare/basse/batterie ultra générique... Mon Dieu, la traversée risque d'être longue!! Mais il reste encore sept titres (comme les sept mers, ho ho ho matelot!) pour les sauver du naufrage, gardons espoir.
      Quelle erreur de croire que la suite tenterait d'être un peu moins fadasse que le début! On continue dans l'énumération des poncifs dont l'effet éculé n'a plus de limites en se plantant cette fois-ci au coin du feu une bouteille de rhum à la main avec "Forest Party"... Et même s’il était temps que "The Haitian Slam" et "Kill the Trolls" (oui, celui-ci est volé sans vergogne à Finntroll comme son titre le faisait craindre) apportent au moins une rythmique un peu plus énergique pour secouer le cocotier, c'est l'inévitable burlesque d'un "Huffman the Pirate King" aperçu à des kilomètres sans l'aide d'une longue vue qui nous ramène à la terre ferme encore une fois. Et ce n'est certainement pas la ballade sous forme d'épopée semi-narrative incarnée par "Netflix and Yarr" ou l'interminable répétitivité de "The Triumph of Piracy" qui nous feront penser le contraire. Seul piste originale et pour le coup un peu barrée du lot: l'électro de "Pirateship" qui surprend après tant de mimétisme éhonté.

      Des pirates d'eaux douces, voilà ce que sont les musiciens de Rumahoy! Rien, absolument rien de ce qui sort de leurs compositions (enfin, plutôt de leurs assemblages de morceaux piqués chez d'autres véritables compositeurs) n'a de personnalité propre! Cet album est en fait plus proche d'une compilation de tous les stéréotypes imaginés au sujet de la piraterie, comme lorsqu'on se colle une jambe de bois, un bandeau sur l'oeil et un perroquet sur l'épaule pour une soirée costumée. Le résultat est d'ailleurs le même: on trouve ça rigolo en l'apercevant, mais on oublie bien vite qu'il est là tellement ce déguisement a été utilisé des milliers de fois. Même en tenant compte de l'aspect parodique souligné par le combo, ça n'empêche pas d'essayer d'y mettre son petit grain de sel (de mer^^) histoire de ne pas juste passer pour une formation crevarde mendiant un peu de notoriété à n'importe quel prix. S'ils ne se reprennent pas pour le prochain album, ils vont tout simplement sombrer corps et âmes dans les abîmes de l'oubli!