Exile Amongst the Ruins

      line-up
    * A.A. Nemtheanga - Chant
    * Ciarán MacUilliam - Guitare
    * Michael O'Floinn - Guitare
    * Pól MacAmlaigh - Basse
    * Simon O'Laoghaire - Batterie

      tracklist
    01. Nail Their Tongues -9:00
    02. To Hell or the Hangman -7:16
    03. Where Lie the Gods -9:11
    04. Exile Amongst the Ruins -7:59
    05. Upon Our Spiritual Deathbed -8:28
    06. Stolen Years -5:15
    07. Sunken Lungs -7:52
    08. Last Call -10:32

"Exile Amongst the Ruins"

Sorti le 30 Mars 2018 chez Metal Blade Records

Site Officiel: www.primordialofficial.com
Facebook: www.facebook.com/primordialofficial


[reconstitution] - Hey! Tu as vu cette date de folie à Paris? Primordial et Moonsorrow ensemble sur la même tournée!
      - Ouai! J'adore Moonsorrow, dommage que ce soit avec Primordial...
      - KEUAAAA?! Tu n'aimes pas Primordial ?! *dit sur un air presque horrifié*
      Voilà globalement ce qui se passe dès que j'annonce cette terrible révélation à la majorité de mes proches amateurs de black. Primordial est une sorte d'intouchable de la branche pagan qu'il faut absolument vénérer pour rentrer dans le clan très sélectif des “trves”, ce que de toute façon je ne suis pas et ne serai jamais. Pourtant, force est d'admettre qu'il y a bien quelque chose dans leur musique les démarquant nettement de la masse, et j'ai choisi la sortie du neuvième album studio des irlandais pour m'en servir de support à un petit tour d'horizon de leur style atypique. Je vais vraiment me concentrer sur leurs plus récentes compositions et ne tiendrai pas compte des autres réalisations jalonnant leurs 25 années de carrière, que je n'ai pas eu le loisir (ni l'envie, j'avoues) de découvrir. Pourquoi maintenant me direz-vous? Eh bien, parce que.

      Il est difficile de ne pas s’attarder d’entrée sur le premier élément de leur identité musicale qui saute à l'oreille dès le début de l'écoute: le chant. Nous sommes bien loin des traditionnels grognements jugulaires de nos plus respectueuses figures de proue du milieu black metal, laissant place à un chant mélodique clair et fort, scandant à grands poumons de manière très intelligible ce qui ressemble à des incantations sur le fait. Ceci n'empêchera pas de rares interventions d'un chant black plus classique qui n'empiètera cependant jamais sur le clair, celui-ci sachant aussi se montrer plus doux et mélodieux comme sur l'introduction de "Where Lie the Gods". Si nous nous contentions de cela, ça serait déjà une bonne raison de qualifier le groupe de marginal, mais leur particularité ne s'arrête pas aux simples vocalises.
      Bien sûr, il s'agit de black metal païen, mais on peut fourrer à peu près tout et n’importe quoi dans ce panier sans fond. Ici, les bases sont gardées avec une utilisation assez intensive du célèbre roulement de grosse caisse sur tempo lent, soutenu par les infatigables trémolos des guitares tirant le tout vers les basses histoire d'accentuer le côté sombre de l'ensemble. Rien de nouveau jusqu'ici, jusqu'à ce que quelques éléments perturbateurs fassent leur entrée. Les origines celtes du combo sont certainement pour quelques chose dans l'atmosphère viking qui plane sur la majorité des titres, la cavalcade lançant "To Hell or the Hangman" sur les traces de leurs ennemis, la caisse claire martiale donnant le ton pour "Upon Our Spiritual Deathbed", ou encore la guitare folk introduisant "Where Lie the Gods" pour ne citer qu’une poignée d’exemples.
      Proche cousin du black metal, les influences doom de la formation jouent leur rôle dans leurs rythmiques souvent pesantes voire lancinantes, auxquelles s'adapte souvent le chant en termes de tempo et de hauteur (plus le tempo est lent, plus le chant est grave par exemple). "Exile Amongst the Ruins", qui pourrait faire office de ballade héroïque au coeur de l'ensemble, casse un peu ce constat en permettant à Alan Averill Nemtheanga de jouer de toute sa palette d'expressions vocales. Il pourra y ajouter une corde plus sensible grâce à un "Stolen Years" vraiment proche de ce qui se fait actuellement dans la sphère rock progressif et atmosphérique, tout comme ce "Sunken Lungs" digne des productions les plus récentes d'Enslaved. Avec "Last Call", on revient à ce que proposaient les premières pistes en bouclant ainsi la boucle d'un disque vraiment très riche en ambiances de toute sorte.

      On pourrait voir au travers de la lecture de cette chronique un enchaînement d'éloges à l'attention de Primordial, mais selon moi il n'en est rien [pas du tout l’objectif, d’où l’absence de note]. Ceci n'est qu'une énumération des divers apports et arrangements reliés à certaines références que le groupe a utilisées le long des 75 minutes constituant cet album, avec le minimum de ressenti personnel. Il y en a forcément toujours un peu, en particulier concernant les références elles-mêmes qui ne seront pas celles venant naturellement à l'esprit de tous les auditeurs, mais je me suis efforcé de citer dans le détail les éléments majeurs formant le tout qu'est cet album. Cela ne m'a pas fait aimer Primordial davantage, je n'ai absolument pas changé d'avis à leur sujet, mais jamais je ne mettrai en question leur originalité et leur inspiration qui sautent au yeux face à toutes les productions pagan black déferlant sur le milieu depuis une bonne décennie. Le genre n'est plus vraiment underground maintenant, les musiciens qui s'en revendiquent sont capables du plus captivant comme du plus chiant, mais peu peuvent prétendre arriver au même degré de personnalisation que ces irlandais.

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