C'est la fin...

    note   14,5/20

      line-up
    * Georges BODOSSIAN : Guitares
    * Alain GOUILLARD : Batterie
    * Noel ALBEROLA : Basse
    * Stef REB : Chant

      tracklist
    01. La haine
    02. Désillusions
    03. Tu n'penses qu'à ta gueule
    04. Fidèle à son nom
    05. Rouge lézard
    06. T'as rien trouvé
    07. Instinct animal
    08. Je crois que tu aimes ça
    09. La mort rôde autour de nous
    10. C'est la fin

"C'est la fin..."

Sorti le 8 Avril 2016 chez Axe Killer

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Myspace: www.myspace.com/oceanlegroupe


      Ocean? C'est un nom qui m'évoque de bons souvenirs, vécus lors du PARIS METAL FRANCE FESTIVAL le 12 Janvier 2013. Même si je n'avais jamais entendu quoi que ce soit du groupe sur disque au moment des faits, le style musical m'avait plus accroché que leur performance scénique pas vraiment au point malheureusement. Mais c'est bien d'un album studio dont il s'agit aujourd'hui puisqu'après l'album éponyme sorti en 1981 (oui oui, ce n'est pas une erreur), la formation parisienne n'était plus jamais entrée en studio pour enregistrer des compositions originales! Ils ne furent pas oublié des médias ni de leur label (une major, fait rare dans le milieu à l'époque) pour autant puisqu'une flopée de compilations, Best Of et autres éditions live se déversèrent dans les bacs, le dernier produit en date Story, live & more [2009] regroupant l'intégralité de leur discographie plus quelques bonus. C'est la fin, quatrième album en 38 ans d'existence, s'avèrent donc être à l'opposé de son patronyme et marque le retour d'une formation hard/rock progressif majeure des eighties que de nombreux fans devaient se languir d'attendre.

      Je me permet de remettre en avant mon amour immodéré du hard rock hexagonal chanté en français, la (re)découverte d'Ocean étant pour moi l'occasion d'éventuellement ajouter un nom à ma collection. Une fois n'est pas coutume, je vais m'atteler à la partie délicate et peu agréable de l'énumération des hics décelés lors de l'écoute, à commencer par remettre sur le tapis un point qui m'avait pas mal ennuyé lors de leur prestation à Paris en 2013: le chant. Stef Reb est loin d'être une pointure dans son exercice, son chant se révélant souvent inégal, manquant parfois de justesse, et ses limites d'amplitude le forcent à pousser régulièrement des cris très aigus sans passer par des intermédiaires qu'il ne maîtrise à priori pas complètement. Et pourtant... Pourtant sa voix est pleine de charme et diffuse une chaleur intense qu'une interprétation trop propre étoufferait peut-être! Son timbre allié à sa performance me font penser à un Florent Pagny (c'est parfois troublant) qui aurait retrouvé la passion de son art, la technique mise de coté. D'autant plus que nous avons tout de même droit à quelques morceaux de bravoure comme son excellent phrasé sur "Tu n'penses qu'à ta gueule" (bien que les paroles soient assez ridicules), le parfaitement calé "Fidèle à son nom" ou ce chant posé et modéré sur "T'as rien trouvé". Comme quoi il suffit parfois de connaître ses limites pour exploiter au mieux ses réelles capacités, tel qu'il le fait sur ces titres.
      À vrai dire, j'ai déjà fait le tour de ce qui me gênait sur cet album, à savoir certains aspects du chant qui finalement ne desservent même pas la musique dans sa globalité! Celle-ci, bien qu'annoncée rock progressif d'inspiration britannique (je les avais comparé à Yes à l'époque, je ne me doutais pas qu'il s'agissait d'une de leurs inspirations majeures), est en réalité à la croisée de cette scène très orientée atmosphérique et du milieu plus musclé et brut du hard rock. La lourdeur des guitares rythmiques ne trompent d'ailleurs personne à ce sujet, tandis que la vélocité du fondateur Georges Bodossian alliée à sa grande maîtrise confirme leur appartenance au milieu prog'. Bien que les structures des morceaux restent très régulières et finalement assez classiques, le jeu de guitare apporte suffisamment de mordant et de profondeur pour élever la section rythmique au niveau supérieur, pendant que le chant de Stef apporte la touche finale à l'aspect mélodique poussé du combo. Se côtoient aussi dans les influences exploitées l'éternel ancêtre du rock qu'est le blues ("Fidèle à son nom"), un poil de southern rock ("Rouge lézard" et son harmonica typique), le heavy originel des seventies ("Instinct animal") ou tout simplement le pur hard rock ("Je crois que tu aimes ça"). N'oublions pas l'incontournable ode au Rock N'Roll incarnée par le nerveux et dynamique "La mort rôde autour de nous" que les anciens adorent caser lors d'un comeback en règle!

      C'est décidé, je me procure le coffret de l'intégrale dés que possible! Décidément, les anciennes gloires des temps révolus qui réussissent leur retour sur le devant de la scène avec brio se succèdent depuis quelques années. Les derniers à m'avoir fait acheter tous leurs albums furent Satan Jokers il y a deux ans puis Still Square il y a seulement quelques mois, alors que je n'avais jamais entendu une seule note du second. J'affirme sans honte qu'Ocean est largement du même calibre dans sa branche que ces deux monstres sacrés du hard français, même si son nom ne jouit à priori pas de la même aura que celui des deux exemples précités. Cet oubli est à présent réparé, je peux rajouter une croix à ma liste des représentants tricolores ayant injustement subi les outrages du "krach heavy des années 90" qui viennent enfin trôner aux cotés de leurs pairs après tant d'années d'absence.

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