"Pawn and Prophecy"

Sorti le 26 Janvier 2018 chez Frontiers Music

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      Étant donné le haut niveau atteint dès le premier opus par l'entité Mike LePond's Silent Assassins, il va vraiment être très difficile de faire au moins aussi bien que cela! À vrai dire, en tant que grand fan de Symphony X de la première heure, j'avais toute foi en cette équipe dans laquelle on retrouve deux des protagonistes les plus influents du combo américain. Il était pour moi impensable qu'un projet sorti de l'esprit du fantastique bassiste Mike LePond ne raconte pas une histoire passionnante, et ce fut justement le cas. Cependant, la formation principale occupe pas mal de leur temps, je n'attendais pas un second opus avant bien longtemps. J'ai du coup eu la très bonne surprise de lire le nom de Silent Assassins dans le pack promo de Frontiers, et m'attèle à son écoute avec autant d'espoir qu'il y a quatre ans au moment où l'album d'introduction est sorti.

      Parfois, des aspirations destinées à n'être au départ que des projets parallèles deviennent des groupes à part entière, à l'image d'Almah par exemple. Mais dans le cas présent, la volonté est clairement de maintenir Silent Assassins dans la position de side project, l'équipe n'évoluant pas vers un line up plus stable. La batterie est une nouvelle fois programmée par Michael Romeo, alors que les invités se succèdent aux autres postes. Ainsi, nous accueillons Lance Barnewold de Fate Breaks Dawn (et ancien batteur pour Ross the Boss!) pour faire quelques soli de guitare sur quatre titres, tandis que le guitariste/bassiste de Rivera/Bomma Rod Rivera s'en tape trois autres. Nous reviendrons le moment venu sur la suite du cast présent à l'affiche.
      L'autre aspect qui rend assez évident cette volonté est la démarcation très claire entre le sérieux de Symphony X et le burlesque de Silent Assassins, son chanteur Alan Tecchio y étant pour beaucoup! Le vocaliste de Hades/Watchtower est en effet connu pour sa voix particulière, ses incessantes montées stridentes et descentes graves faisant passer le groupe pour le pendant heavy de Zimmers Hole. Évidemment, de la part d'un bassiste, il était aussi inévitable que ça allait méchamment groover, le rock n'roll suintant de tous les pores de chaque compositions, et que l'instrument aurait plus d'une fois l'occasion d'être mis à l'honneur comme l'intro et le pont de "I am the Bull" ne se privent pas de le faire. Nous avons aussi la chance de ne pas assister à la simple redite du précédent disque, bien qu'une certaine cohérence bien présente soit nécessaire. Le développement de cette atmosphère si légère voire parfois joyeuse est ici poussé encore plus loin, à tel point qu'on se demande pourquoi l'artwork de ce disque est aussi sombre. Même le morceau flamenco acoustique "The Mulberry Tree" ne manque pas d'humour, ce qui est vraiment agréable.
      Nous arrivons à la pièce maitresse de l'album, celle qui semble justifier tout le processus à elle seule au regard de sa pléiade de participants: "Pawn and Prophecy". Au casting, nous retrouvons le compère de toujours Michael Pinella au claviers, et toute une armée de chanteurs composée d'Andry Lagiou, Noa Gruman, Veronica Freeman, et enfin Phyllis Rutter sur un titre aux airs d'opéra/cabaret durant lequel chaque intervenant jouera un personnage propre. Comme nous pouvions nous y attendre, cette pièce est riche et admirablement orchestrée, les actes défilant avec fluidité sans que rien ne semble intégré au hasard. Nous tenons là le "Bohemian Rhapsody" (ou le "The Odyssey" pour ne pas sortir de l’environnement) de Silent Assassins, à n'en point douter!

      Comme d'accoutumé pour un second opus, nous n'avons plus le plaisir de la découverte, pas plus que la crainte de la déception d'ailleurs concernant Mike LePond's Silent Assassins. Les bases avaient été solidement ancrées lors de notre première rencontre avec la team, elles n'ont fait que se développer dans le meilleurs des sens tout en continuant d'ajouter de nouveaux éléments toujours aussi bien intégrés à l'ensemble. L'entité donne l'impression d'avoir des décennies d'expérience derrière elle, ce qui est l'avantage de travailler avec des musiciens qu'on connait depuis encore plus longtemps que ça. Après, le bassiste aurait pu se trouver à court d'inspiration ou tomber dans le piège du copié-collé, situation qu'il a évité avec une étonnante facilité. Pawn and Prophecy est une nouvelle réussite du début à la fin, complétant à merveille la précédente expérience qu'on a soudainement envie de réécouter après cela!