Ruins

      line-up
    * Harri Sunila - Guitares
    * Nico Mänttäri - Guitares
    * Jaakko Mäntymaa - Chant
    * Nico Heininen - Batterie
    * Niko Lindman - Basse
    * Aapo Koivisto - Claviers

      tracklist
    01. Kairos
    02. The Spiral
    03. Hole in Nothing
    04. The Defiant
    05. Unsinkable
    06. Shadows
    07. Restitution
    08. Omega

"Ruins"

Sorti le 26 Avril 2019 chez Inverse Records

Site Officiel: www.marianasrest.com
Facebook: www.facebook.com/marianasrestofficial


      On l'a bien compris, s'il y a une région du monde où le death metal mélodique et mélancolique est bien représenté, c'est dans le nord de l'Europe! C'est encore une fois de Finlande que Marianas Rest nous provient, donnant donc dans le doom/death mélodique si on en croit le carton. Cela fait maintenant six ans que la formation de Kotka vadrouille d'une salle à l'autre pour défendre sa musique, fort d'un premier album sorti en 2016 intitulé Horror Vacui plutôt bien accueilli par la critique à l'époque. Pour la médiatisation, l'équipe peut compter sur son claviériste Aapo Koivisto qui appartient également à une autre formation de death mélodique que vous connaissez probablement: Omnium Gatherum. Le chanteur quant à lui officie au sein de Chaotic et ID: Exorcist, des noms qui ne me parlent pas mais qui évoquerons peut-être quelque chose aux fans de Southern Metal et de Metalcore, expliquant aussi les particularités du chant sur ce disque. Maintenant que les présentations sont faites, place à ce second opus!

      Ça démarre déjà de manière fort intéressante! Pour un disque de ce genre, on ne s'attend pas vraiment à entendre du blast et du trémolo en ouverture, preuve que le combo ne va pas s'arrêter à une ou deux étiquettes posées à l'arrache afin d'agrémenter sa musique de toute sorte d'éléments venant de l'ensemble de la scène metal extrême. Ensuite arrive ce chant viscéral, principalement guttural et profondément glauque mais qui se laisse parfois aller à un hurlement déchirant enfonçant à la masse l'aspect dépressif de l'ensemble (nous sommes au delà de la simple mélancolie à ce stade). Avec "Kairos", on fait déjà le décompte de nombreuses influences parfaitement combinées qui donnent au morceau son abrasion et sa teinte vraiment sombre. Quelques notes de guitare acoustiques apparaissent ensuite avec "The Spiral", plus résolument focalisé sur le doom/death cité plus tôt, tout en s'enchaînant très naturellement avec le premier titre dans son atmosphère.
      J'adore le fait que pour entamer la descente dans "Hole in Nothing", on nous serve une introduction rappelant justement le coté lugubre et inquiétant d'une grotte, jusqu'à ce que les guitares et la batterie bouleversent cette sensation symbolisant l'agression (physique? psychologique?) à laquelle les spéléologues du moment font soudainement face, avant que "The Defiant" ne plombe encore plus cette sensation avec sa rythmique bien plus pesante. "Unsinkable", le plus proche de ce que la scène death mélodique scandinave propose de nos jours, prend des airs de libération après cette expédition oppressante, mais le danger n'est pas éloigné pour autant puisque la surface offre aussi son lot de périples que "Shadows" (ben oui, aucune ombre possible dans le noir absolu, donc nouveau danger!) illustre de façon très guerrière dans une veine proche de la piste précédente. Avec "Restitution", nous vivons le seul moment potentiellement positif et teinté d'espoir de ce périple qu'un certain Insomnium ne renierait pas (leur présence plane aussi parfois sur d'autres morceaux), mais la lancinante introduction au violon de "Omega" se chargera pendant 2'30 de nous faire douter quant à son issue avant de se montrer finalement bienveillant à notre encontre en concluant sur une note plutôt lumineuse, tels les rayons du soleil éclairant les fjords glacés à travers les branches des arbres pour se poser sur le visage fatigué des voyageurs (les craquements qu'on peut entendre sur les toutes dernières secondes du disque font d'ailleurs penser à ceux d'un bâteau en bois qui dérive).

      Comme j'espère avoir réussi à vous le faire comprendre le plus précisément possible, il m'est venu tout un tas d'images très nettes à l'écoute de cet album vraiment envoûtant, faisant passer l'auditeur un minimum éveillé et imaginatif par différentes stades d'émotions que seule la musique peut apporter à nous autres mélomanes de l’extrême. Les images inspirées à notre esprits lorsqu'on ferme les yeux sont bien plus fortes que toutes celles que les vidéos nous imposent car elle proviennent directement de nos propres expériences, nos propres peurs, nos propres désirs. Même les livres qui ne sont pas accompagnés par de la musique ne peuvent pas nous plonger dans une transe similaire à celle-ci, les mots seuls demandant trop d'efforts de construction mentale pour être aussi immersifs là où quelques notes suffisent à poser les fondations d'un univers concret et captivant.
      Ce sont bien sûr là les paroles d'un ancien lecteur assidu que la musique (le Metal principalement) a reconverti, il est fortement probable que l'inverse avec autant de portée soit tout aussi vrai, bien que j'ai du mal à me le représenter. Tout cela pour dire que c'est ce que Marianas Rest est parvenu à me rappeler avec cet album; autant vous dire que je le valide haut la main!

link site