Macro

      line-up
    * Tatiana Shmailyuk - Chant
    * Roman Ibramkhalilov - Guitares
    * Eugene Abdukhanov - Basse
    * Vlad Ulasevich - Batterie

      tracklist
    01. On The Top
    02. Pit of Consciousness
    03. Judgement (& Punishment)
    04. Retrospection
    05. Pausing Death
    06. Noah
    07. Home Back
    08. The Prophecy
    09. lainnereP

"Macro"

Sorti le 25 Octobre 2016 chez Napalm Records

Site Officiel: www.jinjer-metalband.com
Facebook: www.facebook.com/JinjerOfficial


      Je ne sais pas si c'est grâce à leurs origines ukrainiennes peu courantes dans le milieu, ou grâce au charisme et au talent de leur frontwoman Tatiana Shmailyuk, mais Jinjer est parvenu à gagner une notoriété certaine dans le registre du metalcore. Depuis King of Everything paru il y a un peu plus de trois ans, quelques modifications ont eu lieu au niveau du line up, la section rythmique s'étant vu remplacée pour des raisons que je n'évoquerai pas car que je ne les connais pas (et dont je me fous un peu beaucoup). La tournée des festivals d'été s'étant terminée dans la liesse générale devant l'accueil très positif que la formation a reçu à chacune de ses prestations (un petit coup d'oeil sur les nombreuses vidéos de ces évènements qui circulent sur le net suffit à constater l'ampleur de la chose), il était donc temps de retourner en studio pour offrir aux fans impatients une quatrième réalisation discographique [n'incluant pas la réédition de Cloud Factory de 2018].
      Les habitués le savent, je ne suis absolument pas porté sur le metal moderne, encore moins le metalcore en particulier, baignant encore dans le jus des groupes des années 80. Mais je suis aussi capable de reconnaître les qualités de ces productions comme j'ai justement pu le faire avec ma chronique concernant le précédent opus. Et les habitués ne seront pas déçus puisque tous les éléments responsables de cette hype grandissante autour d'eux sont à nouveaux réunis dans cette production toute fraîche!

      À commencer par la voix bien grasse de Tatiana dans les gutturales, autant qu'elle peut être claire et sensible sur les passages chantés en mélodique. "On The Top" en est presque une démonstration exemplaire en alternant de manière aussi régulière les deux types de vocalises, avec un chant clair qui se rapproche beaucoup de celui de Gwen Stefani (pour ceux qui se rappellent de No Doubt) ce qui n'est pas un défaut selon moi.
      Ce premier morceau propose aussi de poser une nouvelle fois les bases de cette identité musicale en balançant dès l'ouverture ces fameux beatdowns chers au metal moderne, dont le metalcore en particulier se plaît à abuser. On peut aussi mettre en avant un autre de ces points essentiels à leur signature: l'atmosphère très sombre et dérangée qui se dégage de chacune de leurs compositions, toujours aussi présente sur le présent disque. C'est lourd, très grave, les basses sont largement boostées dans le mixage pour que vous puissiez bien ressentir la pression opérée par les morceaux, ce qui se perçoit particulièrement bien sur "Pit of Consciousness" entre autres. Je ne peux pas non plus m'empêcher de penser à une de nos formations disparues dans le registre, à savoir Eths sur ces derniers instants dont le style des ukrainiens se rapprochent assez largement. Hasard ou coïncidence, dans la mesure où Jinjer s'est formé en 2009 tandis que la team Eths sévissait déjà depuis 1996 sous le nom What's the Fuck? Passons.
      Peut-être avez-vous doucement rigolé en voyant le nom No Doubt apparaître dans cette chronique, mais franchement, une fois que vous serez arrivé à "Judgement (& Punishment)" et ses influences reggae, vous aurez du mal à ne pas faire le parallèle avec des titres comme "Underneath It All" interprétés par les californiens! Il est appréciable de voir que Jinjer est capable de sortir un peu du carcan du metalcore brut et méchant pour faire quelques écarts bienvenus comme celui-ci, car la lourdeur massive dont ils font preuve sur une grande partie de l'album peut rendre l'écoute de l'ensemble assez lassante confronté à son homogénéité et son absence de variété. C'est aussi peut-être un des raisons qui explique le chant en Ukrainien sur "Retrospection", ou la rythmique progressive d'un titre comme "Pausing Death" les rapprochant d'un autre groupe bien barré qui m'amuse beaucoup: Iwrestledabearonce (même remarque concernant "Home Back", cri d'amour évident au djent de Meshuggah qui m'amuse vachement moins en revanche)!

      Je n'ai pas eu l'impression d'une grande évolution entre la plus récente sortie originale et la nouvelle que nous venons de parcourir, signe que les membres de Jinjer se sentent aujourd'hui à l'aise dans le style bien précis qu'ils pratiquent, qu'ils souhaitent faire plaisir et conserver la fanbase solide qu'ils se sont maintenant constitués à grand renfort de prestations lives ultra efficaces, voire même les deux. Et sincèrement, au regard du ras-de-marée de formations opportunistes s'étant lancées dans le metalcore sans aucune conviction ni la moindre once d'inspiration, les ukrainiens font office de révolutionnaires dans le domaine, et je pèse mes mots! On appréciera autant l'atout charme de la jolie demoiselle qui tient le micro que la technique et les quelques ajouts intéressants opérés sur l'instrumentation en ce qui les concerne, de quoi faire plaisir au très large public attiré par le metal moderne et agressif de nos jours.

link site