Àmr

    note   16/20

      line-up
    * Ihsahn : Guitares,
            Chant, Basse & Claviers
    * Tobias Ørnes Andersen : Batterie

      tracklist
    01. Lend Me the Eyes of the Millenia -5:48
    02. Arcana Imperii -4:53
    03. Sámr -5:27
    04. One Less Enemy -5:18
    05. Where You Are Lost and I Belong -5:13
    06. In Rites of Passage -4:04
    07. Marble Soul -4:04
    08. Twin Black Angels -4:39
    09. Wake -4:27
    10. Alone -11:12

"Àmr"

Sorti le 4 Mai 2018 chez Candlelight Records

Site Officiel: www.ihsahn.com
Facebook: www.facebook.com/ihsahnmusic


      Seulement deux ans après Arktis, l'artiste multi-facettes Ihsahn qu'il n'est plus nécessaire de présenter revient aujourd'hui avec sa septième réalisation studio intitulée Àmr [“sombre”, dans le genre “sale” en vieux Norrois]. Si le personnage reste toujours aussi énigmatique, encore enveloppé de son aura black metal norvégien hérité d'Emperor, nous avons pu néanmoins avoir un bon aperçu de ses autres penchants musicaux à travers sa carrière solo entamée il y a déjà 12 ans avec The Adversary, en particulier pour le jazz. Fort à parier qu'une fois de plus, cette nouvelle production personnelle va regorger de références toutes plus variées les unes que les autres, ce qui fera plaisir aux auditeurs les plus ouverts d'esprit, les plus susceptibles de déceler dans ses compositions originales les petits détails qui vont bien!

      La scène black elle-même est constamment en évolution, et l'avènement de ce qu'on appelle le post-black en est une parfaite illustration. Le style d'Ihsahn pourrait par bien des aspects y être associé si son projet se focalisait davantage sur les guitares, ce qui n'est bien sûr absolument pas le cas bien que les riffs types trémolos soient encore largement utilisés. Alors comme il va être difficile pour moi de mettre de l'ordre dans mes idées au sujet d’un tel disque, j'ai décidé de mettre mes idées dans l'ordre de la tracklist.

    Lend Me the Eyes of the Millenia: On démarre très très fort en ajoutant la corde de la synthwave à son arc, se permettant d'être plus perturbant que le mal nommé et surcoté (taquet 100% gratuit^^) Perturbator grâce à sa fusion avec un black metal aussi froid que cette touche électro en équilibre avec les guitares. Le côté malsain du black ressort parfaitement sur ce titre, preuve qu'il est encore au coeur des préoccupations de son éternelle icône.
    Arcana Imperii: Changeons littéralement de genre avec un morceau presque djent mais plus aéré, sur lequel Fredrik Åkesson (Opeth/Krux) vient plaquer un solo vraiment chouette. Le chant clair très pop du leader va certainement déranger plus d'un amateur de metal extrême, mais rappellera aux fans d'Opeth (un hasard, vu le guest?) à quel point il peut être bien intégré.
    Sámr: Encore plus posé et léger, c'est dans le domaine de l'ambiant que ce titre se positionne, oubliant un peu les guitares et le growl au profit des claviers et d'une voix douce. Cette ballade fera certainement bouder les allergiques au rock/metal atmo type Steven Wilson ou l’actuel Katatonia, que je rassurerai en signalant que ce genre de parenthèse n'est pas majoritaire sur l'album.
    One Less Enemy: D'ailleurs, on relance la machine sur un couplet sec et martial fleurtant avec Supuration, avant de revenir à un black plus classique pour le refrain malgré le chant clair. Assez régulier, ce morceau joue sur les dissonances et le contraste permanent entre l'instrumentation et le chant, inversés dans leur utilisation habituelle du couplet au refrain.
    Where You Are Lost and I Belong: Même contraste étrange pour une piste ressemblant davantage à un interlude qu'à une vraie chanson, ne partant jamais vraiment niveau rythmique. Avec son pont assez lyrique, j'y vois encore plus volontier un vibrant hommage à Depeche Mode dont on reconnaît certains codes musicaux dans les claviers et le chant. La fin pesante sonne comme un retour très bien amené au style du leader.
    In Rites of Passage: C'est l'électro qui domine à cet instant, rattrapé assez vite par les guitares et une rythmique complètement barrée pour un résultat indus prog' très intéressant, le chant enchaînant rapidement les plans gutturaux et clairs, comme le font également claviers et guitares bien démarqués. Une piste qui redonne un petit coup de boost à notre attention!
    Marble Soul: Ce titre confirme l'affection d'Ihsahn pour l'alternance des voix, chant guttural sur le couplet puis chant clair sur le refrain. Les choeurs légers types Alice In Chains appliquent une autre sorte d'ambiance à une piste assez tranquille pour un morceau s'inscrivant dans la lignée des réguliers du disque.
    Twin Black Angels: C'est une fois de plus dans un cadre atmosphérique qu'on va voyager ici, comme le faisait "Sámr" plus tôt. La guitare lead s'enflamme complètement façon Steve Vaï pour un rendu général très aérien, que le chant clair mais appuyé soutenu par des choeurs similaires confirme nettement.
    Wake: Le black metal pur vous manquait? Ihsahn se fait donc un plaisir de vous en proposer une autre couche sur cette piste, trémolos et blast beats à l'appui, accompagnés des petits effets électroniques qu'on retrouvait déjà plus tôt. C'est à Vintersorg que je pense cette fois dans la démarche, le style personnel du frontman d'Emperor se chargeant de faire la différence sans ambiguïté.
    Notons la présence d'une dixième piste bonus ["Alone", interprétation musicale du poème d'Edgar Allan Poe] majoritairement instrumentale dans une atmosphère polar sombre à base de cordes frottées et de piano, maintenue malgré l'apparition des guitares et du chant black! Pourquoi ne pas la faire apparaître dans la tracklist affichée en dépit de sa richesse, de sa puissance et de son efficacité (ce morceau est même pour moi le plus fantastique de l'album, c'est dire!)? Allez savoir avec cet homme!

      Décidément, même sans forcément chercher à le faire, Ihsahn continue de donner des leçons dans les branches où il puise son inspiration, tout en acceptant volontier d'appliquer les techniques qu'il y apprend également. Étant maintenant assez familier je pense avec les frasques sonores du personnages à travers l'écoute de presque toute sa discographie (je n'ai fais l'impasse que sur Das Seelenbrechen), il m'a pourtant encore fallu plusieurs écoutes (trois pour être précis) afin de m'habituer à cet opus semblant faire encore plus d'écarts entre les genres qu'il visite. Le qualificatif de génie continue de lui sied comme un gant, le compositeur-auteur-interprète touche-à-tout n'ayant jusque-là fait aucun faux pas artistique selon moi. On pourra avoir des difficultés à rentrer dans son univers aussi cohérent que distordu, mais personne ne pourra dire de ses oeuvres qu'elles ne sont pas authentiques ou bien conçues.
      ...Mais putain, cette bonus track sérieux, elle envoie tellement du lourd!!!

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