La Guilde Du Metal

Avec Godhead Machinery, on va faire dans la simplicité! Déjà, les suédois de Norrköping ne sont dans la course au gros black metal que depuis 2015, ce qui ne les empêchera pas de sortir rapidement un premier album intitulé Ouroboros fin Septembre 2017 après l'avoir annoncé avec deux singles. Cela me semble un peu précipité de balancer aussi vite un album alors que la formation ne joue ensemble que depuis deux ans, mais le duo fondateur Robert Karlsson et Marcus Andersson se connait probablement de longue date, suffisamment pour ne pas traîner à proposer une musique assez solide afin de faire jeu égal avec les gros pontes du genre, en particulier dans cette région de l'Europe! Si vous comptez bien, vous remarquerez que cette fois encore le nouvel opus n'aura nécessité qu'un peu plus de deux ans de travail avant de débarquer, et c'est avec celui-ci que nous allons prendre un premier contact avec eux.

Le black metal de nos amis scandinaves a décidé de se focaliser sur un rendu principalement atmosphérique dans le sens mélancolique et dépressif, une ambiance bien sombre qui ne dénote donc pas une seconde avec le style. Sur ce postulat, il va être moins courant d'entendre des accélérations subites sous formes de blast beats ou autres structures proches, le tempo se reposant souvent sur un roulement de grosse caisse en retenu supporté par une caisse claire dans la même veine. Cela n'empêchera pas certains morceaux comme "Defiant Silence" de démarrer à l'ancienne sur les chapeaux de roue, mais ce ne sera que pour marquer encore plus le ralentissement qui s'ensuivra. L'influence Mayhem se ressent assez fortement sur ce genre de titres, en particulier lorsque le chant se fait plus lugubre et murmuré façon Attila. Puisque les vocalises sont évoquées, on peut souligner l'effort fourni par Niklas Ekwall pour ne pas nous saoûler avec des hurlements monocordes sans subtilité, celui-ci s'efforçant au contraire à nous proposer une large palette de vocalises extrêmes allant du guttural au hurlé en passant par le semi-narratif.
Si côté chant nous avons notre dose de variations, on ne peut pas vraiment en dire autant de l'atmosphère générale. Car comme je l'ai dit en introduction du précédent paragraphe, la mélancolie est le registre majeur de l'ensemble et n'est par conséquent pas vouée à être bouleversée à chaque changement de plan. Cela nous donne souvent un enchaînement de passages très similaires dans leur structure et même dans les mélodies portées par les guitares, que cette rythmique régulière n'aide pas vraiment à rendre moins lassant. Ce très sympathique interlude qu'est "Hymns of the Wicked" et qui s'aligne à merveille avec l'introduction en choeurs ecclésiastiques féminins de "Above a Legion of Equals", ou encore les ponts à la guitare acoustique présents sur "Illusion" nous montrent pourtant que d'autres possibilités peuvent être entrevues tout en gardant une cohérence dans l'ambiance du disque, mais les passages de ce calibre sont malheureusement trop peu fréquents selon moi pour vraiment influer sur la donne.

Ce qui ne signifie pas que ce second opus de Godhead Machinery n'est pas réussi, attention! Je pense surtout que n'étant pas un fervent fidèle du genre black metal de manière générale, j'ai un peu de mal avec les codes assez strictes qui définissent le genre dans son essence, codes que respecte assez scrupuleusement Godhead Machinery dans sa démarche musicale. Le présent opus ne manque pas de cette agressivité brute et de cette aura malsaine qui caractérisent le plus souvent les productions portant ouvertement et bien haut cette sombre bannière, tout en plaçant ça et là quelques moments d'accalmie pour ne pas étouffer l'auditeur dans un déluge gratuit de trémolos et de blast qu'on doit trop souvent subir chez les groupes dits trve black. Je ne doute pas que les véritables amateurs du genre trouveront dans ce disque de quoi satisfaire leur soif de fureur nihiliste et d'idées noires.

Par Yroenn

"Aligned to the Grid"