Walk The Earth

    note   14,5/20

      line-up
    * Joey Tempest - Chant
    * John Norum - Guitares
    * Mic Michaeli - Claviers
    * John Levén - Basse
    * Ian Haugland - Batterie

      tracklist
    01. Walk The Earth
    02. The Siege
    03. Kingdom United
    04. Pictures
    05. Election Day
    06. Wolves
    07. GTO
    08. Haze
    09. Whenever You’re Ready
    10. Turn To Dust

"Walk The Earth"

Sorti le 20 Octobre 2017 chez Hell & Back Recordings/Silver Lining Music

Site Officiel: www.europetheband.com
Facebook: www.facebook.com/europetheband


      Je pense que nous étions peu nombreux à imaginer un avenir aussi radieux pour Europe après l'annonce de leur retour en 2004 avec le passable Start from the Dark. Encore maintenant, il ne sont pas rares, ceux qui ne connaissent les suédois qu'à travers "The Final Countdown" alors que les hits anciens comme récents ne manquent clairement pas à leur catalogue! War of Kings avaient d'ailleurs montré une fois de plus il y a deux ans que la formation hard rock mélodique était loin d'être enterrée, marchant directement dans les empreintes profondes du percutant Bag of Bones sorti trois ans auparavant. Nous découvrions un Europe revigoré, remis à la page, et désireux de montrer qu’il en avait encore sous la pédale aujourd'hui.

      Évidemment, Joey Tempest ne sera plus le chanteur lyrique à la voix aiguë qu'il était jadis, l'âge n'épargnant personne. Mais il a su s'adapter à son époque et à sa condition pour apporter avec son timbre clair et son vibrato une touche de douceur sur une instrumentation devenue plus rugueuse. Entre le heavy/hard des premiers opus et l'AOR sirupeux des trois albums qui ont suivi est resté le heavy metal à la suédoise passé à la moulinette d'une production moderne. Ce onzième album s'inscrit dans cette continuité lui aussi, "Walk The Earth" et "The Siege" sonnant comme un coup de poing sur la table, les cordes ajoutées aux guitares rappelant très fortement Led Zeppelin pour le premier et Deep Purple pour le second (d'autant plus que Joey chante de plus en plus comme Ian Gillan le temps s’écoulant) en bien plus couillu. "Kingdom United" et "Election Day" lancent un groove absolu avec leur rythmique alors que le refrain éthéré par ses choeurs pour l'un et l'orgue Hammond pour l'autre renvoient presque à du Uriah Heep des débuts! J'ai eu un peu peur qu'ils nous refassent le coup du mièvre et surproduit Last Look at Eden (le pire qu'il aie pu engendrer selon moi!), mais grâce au ciel cela fonctionne parfaitement ici. Même les ballades "Pictures" et "Wolves" (qui se prend pour un titre de David Bowie sans le plagier honteusement) savent proposer leur propre ambiance, creusant à la fois dans les seventies pour les sons cheaps et les nineties pour les guitares langoureuses. Le Europe énergique n'a pas non plus disparu, les dynamiques "GTO" et "Whenever You’re Ready" ainsi que le nerveux "Haze" lâchant les chiens dans la campagne pour qu'ils se défoulent avant de les rappeler sur le final "Turn To Dust", le petit moment posé en guise de conclusion tranquille.

      Cet album est à la fois là pour rappeler l'ancienneté d'Europe, écumant les sept mers depuis 1979 l’air de rien malgré un break de onze ans, et pour prouver au monde qu'ils peuvent se sentir tout à fait à l'aise dans le milieu du heavy contemporain. À cet exercice d'adaptation, je trouve qu'il se débrouille largement mieux qu'un de leurs modèles vieillissant très mal à mon sens, j'ai nommé Deep Purple (même si j'ai bien aimé leur dernier album Infinite mais dont je n'aime toujours pas le chanteur vedette). Dans une sorte de croisade à la reconquête de leur gloire d'antan, ils ne capitalisent pourtant pas sur leurs lauriers mais tentent de se renouveler, se réincarner dans une version actuelle d'eux-mêmes comme s'ils étaient un de ces jeunes groupes de revival qui fleurissent partout de nos jours, l'expérience en plus. Permettez-moi donc de vous dire qu'ils y parviennent très bien (même si vous ne me permettez-pas, je le dis quand même)!

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