Age Of Heroes

      line-up
    * Mauro Colbacchini - chant
    * Giorgio Colbacchini - guitares
    * Gianluca “Odd” De Lotto - guitares
    * Silvio Brusa - basse
    * Andrea “Blackhawk” Muscarello - batterie
    * Letiziamaria Gatti - violon

      tracklist
    01. Sacred Woods
    02. Wings Of Eagle
    03. Jotunheim
    04. The Stolen Hammer
    05. Ascalon (Siege and Demise)
    06. Hands Of Aesir
    07. Balder’s Bane
    08. Hermod The Brave
    09. I Hel
    10. New Order
    11. O-Hey O-Ho

"Age Of Heroes"

Sorti le 13 Décembre 2019 chez Rockshots Records

Facebook: www.facebook.com/eregionband


      Lorsque j'ai entendu Eregion pour la première fois, je me suis dit que l'héritage de Dédé Matos (feu le premier chanteur d'Angra et Shaman) n’était pas près de mourir, d'autant plus que s'agissant aussi de power metal l'illusion s’en trouvait renforcée. Pourtant, la formation n'est pas brésilienne, mais vient d'un pays voisin (de nous, pas du Brésil) du Sud qui en produit tout autant: l'Italie. Ce n'est pas comme si les formations heavy metal orchestrales les plus populaires venaient soit de l'Est soit de la grande botte, si? Dans le cas présent, la touche ritale est on ne peut plus prononcée, et s'est déjà faite remarquée avec Lord of War en 2014 soit seulement deux ans après la formation de l'entité. Au moins, pour ce second opus, ils auront pris un peu plus de temps pour peaufiner leur style qui a tendance à se perdre assez facilement dans celui de leurs illustres mentors, mais gardons cela pour le prochain paragraphe.

      Ce n'est pas un hasard si la voix de Mauro Colbacchini fait penser à celle d'André, encore moins avec le titre d'ouverture "Sacred Woods" dont le tempo vif et la mélodie enjouée ne sont pas sans rappeler les entrées en matières des célèbres Angels Cry et Holy Land, la touche progressive en moins. On se démarque heureusement de cet éternel modèle dans la suite de l'aventure, mais sans pour autant creuser davantage afin d'affirmer une éventuelle marque de fabrique personnelle, et c'est à ce niveau que le groupe italien pêche le plus à mon sens. Avec la présence d'une charmante violoniste dans l'équipe depuis cette année (celle-ci étant bien inscrite aux crédits officiels de cet album), nous aurions put constater une mise en avant de l'instrument plus importante alors que celui-ci se retrouve juste mêlé aux samples sans être bien souvent joué en lead comme peut le faire Elvenking par exemple. On peut l'entendre dans des introductions comme celle de "The Stolen Hammer" ainsi que la voix de la demoiselle en choeurs, mais la plupart du temps il se contente de combler les accompagnements derrière les guitares.
      Et parlons-en des guitares! Leur rôle principal se cantonnera-t-il vraiment à “palm muter” (je valide ce verbe) gentiment en accord avec la grosse caisse sans proposer de moments héroïques qu'on attend souvent de ce genre de production (surtout italienne!)? Vous allez me dire que je me plaignais justement du manque d'affirmation identitaire juste avant; mais tant qu'à suivre une chemin pré-tracé, autant le faire dans les règles et jusqu'au bout. Le mixage lui-même est assez cheap, rappelant les productions moyen budget sorties dans les années 90, tandis qu'on sent souvent la faiblesse du chant lead (que ce soit au niveau du volume ou de la justesse) rattrapper son interprête à certains moments, sans que cela ne perturbe trop l'entrain de l'ensemble cela dit. Il se débrouille même étonnamment bien sur la ballade "Balder’s Bane", pour laquelle son chant plaintif se révèle assuré est très adapté à la mélancolie du titre. Dommage qu'il n'en soit pas de même dans d'autres registres.

      De toute façon, Eregion donne bien plus l'impression d'une bande de potes réunis simplement pour rendre hommage à une des scènes metal majeures de leur pays qu'à un groupe professionnel désirant vraiment percer à l'international, ce qui n'est pas non plus une mauvaise chose comprenons-nous bien! D'ailleurs, si tel est vraiment leur objectif, alors il me semble qu'ils ont les moyens de l'atteindre avec cet album sommes toutes très sympathique en dépit de ses quelques défauts loin de rendre l'écoute insupportable. Seulement, au regard de toutes les autres productions dans le même esprit affluant des quatre coins de l'Europe, il va être difficile de sélectionner leur nom et de le placer en tête de liste là où des formations au travail plus propre, plus abouti et même plus original, ne manquent pas sur le marché.

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