"Cryptoriana - The Seductiveness Of Decay"

Sorti le 22 Septembre 2017 chez Nuclear Blast Records

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      Vous rappelez-vous de ce qui s'est passé il y a un peu plus de deux ans? Cradle Of Filth revenait de loin en faisant avec Hammer of the Witches un discret mais appréciable retour aux sources (qu'ils ont tenté de souligner l'année suivante en resortant Dusk... and Her Embrace dans une version The Original Sin très dispensable) que tous attendaient depuis presque deux décennies! Le départ de Paul Allender, présent depuis le tout premier album, n'était pas évident à assimiler mais les britanniques y sont pourtant parvenus avec panache, se demandant presque s'il n'était pas nécessaire pour que le groupe revienne à ce niveau de maitrise de son style. Leurs racines black metal étaient enfin dégagées de l'étouffement provoqué par le trop plein d'orchestrations, pas oubliées pour autant; on attend d'ailleurs de ce douzième album original qu'il soit au minimum aussi réussi que le précédent [je ne compte pas Midnight in the Labyrinth et The Original Sin dans le lot].

      Un rapide coup d'oeil à la tracklist suffit à comprendre que cet album est ambitieux: il n'est déjà pas si simple de captiver un auditeur durant cinquante-quatre minutes (la durée de ce disque), c'est encore plus délicat lorsque les morceaux durent tous plus de six minutes. De la plus récente réalisation, le ton plus sombre et l'accent sur les guitares black ont été conservés, la rythmique n'ayant de toute façon jamais manqué de panache et de diversité. Les structures rythmiques très changeantes et dynamiques qui savent laisser la place à des passages plus ambiants sont par ailleurs une des qualités qu'on retrouve sur chaque enregistrement du combo, même les moins enthousiasmant.
      Ici, elles se focalisent sur l'extrême, ce que "Achingly Beautiful" en particulier ne mettra pas en doute. Son pont rappelant "Nymphetamine" illustre par la même ces plans plus aérés portés sur la musique gothique dont je parlais plus tôt, tout comme l'introduction doom de "The Seductiveness Of Decay". Les fameux choeurs féminins ne manquent également pas le rendez-vous (en dépit d'une utilisation en contre-pied un peu maladroite sur "Heartbreak And Seance") et font toujours partis des incontournables de leur identité musicale, avec une intervention lead de Liv Kristine sur "Vengeful Spirit". Si dans cette mise en avant de l'extrême, on s'éloigne un peu du heavy symphonique dont la formation était assez voisine une certaine période, il n'est pas oublié pour autant: "You Will Know The Lion By His Claw" se charge de lui rendre hommage en force, avec un tempo thrash qui se marie très bien à l'atmosphère de ce titre un peu marginal. "Death And The Maiden" se permet également de marcher sur les abords du chemin en empruntant au death metal sa lourdeur et sa gravité. Une manière bien sinistre de conclure, qui sied à merveille à cet album!

      Nul besoin de réfléchir trop longtemps face à cet opus: si vous avez apprécié la trajectoire empruntée par Cradle Of Filth sur le précédent opus, celui-ci devrait pleinement vous satisfaire. Il reprend exactement là où Hammer of the Witches s'était arrêté dans son élan vers le passé et l'explore un peu plus en profondeur en subtilisant aux autres branches du metal extrême une paire d'éléments intéressants, très bien adaptés à l'ensemble. On pourrait bouder notre plaisir et se plaindre du fait que les deux plus récentes réalisations sont relativement similaires dans leur approche, mais c'est occulter un peu vite ces nombreux groupes qui en font autant sans être capables de cette nuances méthodique dont a su faire preuve Cradle Of Filth ses dernières années. La Bête est de retour, et commence à reprendre ses aises!