Part II : The Final Struggle

    note   16/20

      line-up
    * Julien Tournoud : chant
    * Olivier Billoint: guitares
    * Johan Koninckx: claviers
    * Thierry Delvaux: batterie
    * Thierry Ventura: basse

      tracklist
    01. Prelude To Chaos
    02. Shadow The Light
    03. Pharaoh’s Army
    04. Aissem Tenemra
    05. Eyes Of The Sun
    06. Ateravis The Commander
    08. Exterminate The Earth
    09. Far Beyond Death
    10. The Final Struggle

"Part II : The Final Struggle"

Sorti le 2 Mai 2014 en autoproduction

Site Officiel: wwww.amonsethis.com
Facebook: www.facebook.com/Amon.Sethis


      Les Grenoblois d'AMONSETHIS remettent le couvert après un Part I: The Prophecy très convaincant. Leur opéra métal à la française sous fond de légende égyptienne montrait qu'il n'est pas nécessaire de s'appeler Tobias Sammet ou Arjen Lucassen pour monter un projet de qualité et une histoire crédible (mais ça aide pour se faire connaître...). Une histoire où le héros, Ateravis, se trouvait en bien mauvaise posture face à Amonsethis son frère à la fin du premier épisode. Comme le nom du disque le suggère, l'heure est maintenant venue d'en découdre dans un ultime affrontement...

      Il est peu courant de s'attacher d'abord à une histoire ou à un concept avant de parler réellement musique, mais cette histoire est tellement importante ici qu'il est difficilement concevable d'écouter ce Final Struggle sans connaître la trame narrative, les personnages. J'irai plus loin: là où l'écoute "simple" du disque s'avère plaisante avec ses défauts (j'y reviens évidemment ensuite), cette expérience est transcendée si elle s'accompagne de la lecture du livret, véritable libretto, compagnon indissociable de la musique. J'ai moi-même écouté plusieurs fois ce disque seul, me faisant une idée de la chronique, de la note. Et puis j'ai lu le livret et réécouté les titres avec les paroles et surtout en ayant conscience de quel personnage les chantait. Et paf, 2 points de plus. Premier constat et premier conseil, donc: ne vous fiez pas à vos premières impressions, persévérez. Une expérience unique est à ce prix.

      Parlons musique, maintenant. Ceux qui se seront essayés au premier épisode ne seront pas forcément dépaysés. Qui dit opéra métal dit différents styles musicaux (souvent), mais l'ensemble tourne autour d'une base heavy progressif, avec ça et là des touches de death (« Exterminate the Earth ») ou de speed (certaines parties du dernier morceau). Ce qui m'a frappé dès la première écoute, c'est le soin apporté aux lignes de basse. Dès le début de « Shadow the Light » (premier véritable morceau après une intro narrée en ancien Égyptien), les lignes complexes et le son ronflant subliment un titre qui sans cela aurait "juste" été bon. C'est toujours appréciable, là où souvent on se demande pourquoi il y a un bassiste. La voix de Julien, qui prend plus de place par rapport à The Prophecy (cf l'interview) est toujours aussi bien placée dans les aigus, et selon moi a gagné en émotion. J'en veux pour preuve le magnifique morceau « Hope ». C'est bien l'une des premières fois où je place comme morceau préféré un mid-tempo et non un titre speed, et ce sont bien les lignes de chant qui causent cette volte-face. En revanche, je parlais de premières impressions, l'une d'entre elles est persistante, c'est que ce deuxième album comporte moins de morceaux marquants que le premier. On note ça et là des lourdeurs: « Pharaoh's Army » et son rythme lent, voulu certes telle la marche d'une armée, mais qui grève un peu la dynamique de l'album, ou encore « Eyes of the Sun », qui m'apparaît comme trop "narratif", en plus d'être une ballade (la volte-face du chroniqueur, phénomène éphémère...). La narration intégrée aux morceaux n'est pas une tare en soi, quand elle ne nuit pas à leur qualité, comme sur « Aissem Tenemrâ » ou « Far Beyond Death ». Elle est même l'essence même du dernier morceau « The Final Struggle », qui mériterait presque une chronique pour lui seul tant il est riche, varié et possède sa propre structure en 11 parties. Une pièce épique dans la plus pure lignée des « The Odyssey » de SYMPHONY X ou encore « Keeper of the Seven Keys » d'HELLOWEEN. Je n'ai pas peur de le comparer à ces chefs-d’œuvre, d'ailleurs. Et c'est là que l'écoute avec livret prend tout son sens: en amont pour pouvoir apprécier les tenants et aboutissants de l'histoire et pendant l'écoute, pour ne laisser aucun détail. On en a quand même pour plus de 25 minutes, là! Les mélodies s'envolent (« The Ka of Ateravis », « Coming Back to Life »), tout comme la voix de Julien, habité par ses personnages et par leur destinée. L'intelligence des compositions crée des ponts avec le premier album (les thèmes de « Horus » ou « Amonsethis » qui reviennent au moment opportun), les ambiances évoluent pour évoquer des lieux, comme ce lac de feu ou des émotions, comme la rage de Seth ou la délivrance de notre héros.
      Le problème ici, c'est qu'on a l'impression que le groupe a peut-être « trop » misé sur la qualité et la complexité de ce dernier morceau (on le comprend au vu de l'histoire) par rapport au reste de l'album et qu'il risque de perdre l'auditeur qui n'aurait pas pris la peine de s’imprégner du concept. Les premières impressions, toujours. J'en suis revenu, comme vous l'aurez compris à la lecture de cette chronique et à la note, et j'espère bien que d'autres reviendront également.
      Difficile de parler de ce type d'album sans évoquer les guests, qui pour la plupart étaient présents sur le premier album, et offrent une nouvelle fois une palette de voix qui donne toute sa richesse à l'ensemble, du death d'Emmanuelson aux diverses voix féminines, à Tenemrâ (malgré un changement de line-up) sans oublier les chœurs sur « Pharaoh's Army » ou « Ateravis the Commander ». L'ensemble, donc, qu'il soit vocal ou instrumental est de grande qualité, une qualité qui ne dénote pas avec le travail effectué sur l'histoire.

      Vous l'aurez compris, ce Part II : The Final Struggle est un très bon album, que l'on appréhende difficilement mais qui saura vous récompenser des efforts entrepris pour l'apprécier à sa juste valeur. La « démarche ambitieuse » que j'évoquais pour le premier album n'est pas démentie ici, proposer un morceau-fleuve de plus de 25 minutes dès le deuxième album n'est pas donné à tout le monde. Bravo les gars !

Par Thierry  
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